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Banquier de Dieu… pourquoi pas vous ?

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Les 112 employés de l’Institut pour les Œuvres de Religion (IOR), plus connu sous le nom de Banque du Vatican, siègent dans la tour Nicolas V du palais des papes, une vieille tour médiévale restaurée au XVe siècle. Les murs blancs délavés des austères bureaux de la direction sont décorés de peintures liturgiques, de portraits de papes et de crucifix. Dans les couloirs, les laïcs cohabitent avec les prélats, certaines fonctions étant occupées par des hommes d’Église. Dépaysement assuré pour ceux habitués aux tours en verre, à la cravate de rigueur et aux openspaces.

La banque la plus secrète au monde

Andrea Tornielli, spécialiste des affaires financières du Saint Siège, tient à préciser : « ce n’est pas vraiment une banque, mais plutôt une institution financière ». Elle fournit cependant de véritables services bancaires (dépôts, transferts internationaux…), un peu spéciaux parfois, comme les distributeurs de billet en latin de la Cité du Vatican. « L’activité principale consiste à investir les fonds des clients de l’Institut, qui sont pour la plupart des congrégations, des prélats et des prêtres », poursuit Andrea Tornielli. D’après les statuts, la gestion des actifs de l’IOR répond aux valeurs éthiques du christianisme.

Pourtant, la réputation de la banque est des plus sulfureuses. Trente ans après la mort suspecte de Jean-Paul Ier en 1978 et les grands scandales des années 1980, la nouvelle vague d’affaires ne serait pas étrangère à l’abdication de Benoit XVI. La communication de l’Institut est donc entièrement verrouillée. En effet, l’IOR mérite bien son surnom de « banque la plus secrète au monde ». Elle n’a pas de site web et ne publie aucune donnée financière. Son nouveau président, l’industriel allemand Ernst von Freyberg, nommé en février 2013, a toutefois annoncé en juin la publication d’un rapport annuel et l’ouverture d’un site internet au 1er octobre.

Chasseur de têtes et commissions cardinalices

Ernst von Freyberg a été recruté en faisant appel au cabinet londonien de chasseurs de tête Spencer Stuart. « C’était une première, commente Andrea Tornielli. Mais il semblerait que cela devienne la norme. Auparavant, le recrutement des équipes et des dirigeants était fondé uniquement sur les réseaux personnels des dirigeants, ou sur une décision du Secrétaire d’État ». D’après Giuseppe Pitotti, vice-président d’Assoconsult, l’Association des consultants en ressources humaines d’Italie, « le ministère des finances d’Italie emploie Spencer Stuart depuis longtemps pour le recrutement de cadres dirigeants », ce qui expliquerait le choix de ce cabinet. « Mais c’est une équipe internationale qui a géré l’affaire, pas le bureau local. »

Les rapports de Moneyval, organisme de l’OCDE qui enquête sur la banque, rappellent ainsi que la loi 127 édictée par le pape au 30 décembre 2010 a imposé des règles générales pour le recrutement (interdiction du recrutement de parents, vérifications d’antécédents et de réputation…) et prévoyait la création d’un poste de directeur de la lutte contre le blanchiment. « Depuis deux ans, il y a de vrais progrès du point de vue de la transparence et de l’indépendance des process », juge Giuseppe Pitotti.

À la suite des nouvelles affaires qui ont éclaté depuis 2009, Benoit XVI a ajouté aux institutions existantes (conseil de surveillance et direction exécutive), une commission de vigilance composée de cardinaux, et surtout, au sein de la Curie romaine, l’Autorité d’information financière, dirigée par le suisse René Brülhart, un laïc qui occupait auparavant un poste équivalent au Liechtenstein. Le pape François a créé le 26 juin une seconde commission de cardinaux, dite référente, avec des pouvoirs d’investigation étendus. Un Français, présent dans les deux commissions cardinalices, est la clé de ces institutions de supervision : Jean-Louis Tauran, autrement connu pour avoir prononcé le « Habemus Papam » au début de l’année.

L’Eglise se met à la compliance

La banque emploie des laïcs qui sont de véritables professionnels du secteur financier. Pour exemple : un gestionnaire de trésorerie a fait son stage à la BNP ; un CFI (Cash Flow Investor) est passé par Gestifondi, Commerzbank et l’assureur Allianz. Le staff de l’IOR apparaît toutefois presque uniquement composé d’Italiens, vraisemblablement proches des milieux ecclésiastiques. Une composition qui pourrait changer, du fait des nouvelles méthodes de recrutement et alors que la direction vient d’être débarquée, Paolo Cipriani et son adjoint, Massimo Tulli, ayant présenté leur démission le 1er juillet, après l’arrestation fin juin d’un prélat travaillant dans l’administration du Vatican.

Ernst von Freyberg assure lui-même l’intérim au poste de directeur général. Pour le seconder, il a nommé comme  directeur général adjoint, Rolando Marranci, un ancien directeur de Banca Nazionale Del Lavoro (Bnl) à Londres, une filiale italienne de la BNP. La direction de l’IOR comprend désormais un Chief Risk Officer en charge de la compliance et de la lutte contre le blanchiment, promis de longue date et finalement attribué à Antonio Montaresi, Senior Principal au Promontory Financial Group, le cabinet de conseil chargé depuis quelques mois d’aider la Banque du Vatican à améliorer sa politique de conformité. « Spencer Stuart n’est pas intervenu dans ces recrutements », indique Giuseppe Pitotti.

Marié à une manager de Franklin Templeton, Antonio Montaresi avait occupé des postes similaires pour les bureaux new-yorkais de Banca di Roma et de Bnl. Il conserve ses fonctions au sein de Promontory. C’est à l’évidence d’abord dans ces branches Compliance/Risk/Contrôle interne que devraient s’ouvrir des postes, pour prendre le relai du cabinet sur le long terme. Une opportunité à ne pas rater pour ceux qui voudraient devenir les « banquiers de dieux ».

 



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