Au prochain appel d’un chasseur de têtes, affichant une opportunité alléchante, prenez le temps de l’écouter. Une récente étude suggère qu’utiliser les services d’un tel consultant offre de meilleures perspectives d’évolution rapide que procéder par ses propres moyens.
L’étude, menée par des enseignants de l’université espagnole IE University, se fonde sur l’examen de la base de données d’un cabinet de chasse, composée de 14.000 professionnels de la finance, résidant essentiellement aux Etats-Unis. Elle révèle qu’il y a de bonnes raisons de passer par les services de ces consultants pour changer de poste dans le secteur bancaire. Cependant, la démarche peut dans certains cas freiner votre progression.
Tout ce qu’un chasseur peut faire pour votre carrière…
1. Un chasseur de têtes est mieux armé pour vous assurer une promotion
Si vous passez par un chasseur pour changer de poste, l’étude conclut que vous êtes statistiquement plus susceptible d’obtenir une promotion que si vous procédez en direct.
Les chercheurs sont partis du principe que les entreprises en phase de recrutement accordent plus de crédit aux informations fournies par ces cabinet de chasse qu’à celles transmises par les candidats eux-mêmes. Elles sont donc plus enclines à confier des postes à responsabilités aux candidats. Les auteurs se réfèrent aussi à des études antérieures, qui présentaient les recruteurs comme des négociateurs aguerris, mieux armés que les candidats pour négocier des augmentations de salaire.
2. Un chasseur est plus à même de vous faire rejoindre une grande entreprise
Si vous souhaitez intégrer une grande banque, passez par un cabinet de chasse : les données recueillies indiquent une corrélation positive entre l’accession à un poste dans un grand groupe et le recours à ce type d’intermédiaire. Si les auteurs de l’étude ne mentionnent pas de raison particulière, nos propres recherches laissent à penser que les structures bancaires plus modestes, comme Jefferies, ont tendance à gérer elles-mêmes leurs recrutements (même si les grandes banques comme UBS commencent, elles aussi, à se détourner des search firms).
A LIRE AUSSI :
La papesse de la chasse de têtes parisienne part s’installer à Londres
Les CV rêvés des chasseurs parisiens
3. Un chasseur de têtes est mieux placé pour vous faire intégrer une entreprise prestigieuse
Si vous souhaitez rejoindre une structure jouissant d’une solide réputation, prenez contact avec un chasseur de têtes. Les auteurs de l’étude sont parvenus à la conclusion que les candidats changeant de poste par l’intermédiaire d’un chasseur ont plus de chance de rejoindre une entreprise prestigieuse que ceux qui font cette recherche seuls. Cela peut apparaître comme une surprise dans la mesure où les banques moins connues font souvent appel à des cabinets de chasse pour précisément courtiser les meilleurs profils avec des offres alléchantes. Le lien de cause à effet entre prestige et conseil d’un chasseur ressort néanmoins de manière particulièrement significative d’un point de vue statistique.
Voici en revanche ce qu’un chasseur ne pourra pas faire pour votre carrière…
1. Un chasseur de têtes ne pourra pas vous aider à changer de secteur
L’étude démontre que vous aurez peu d’intérêt à utiliser les services d’un recruteur travaillant uniquement par approche directe si vous recherchez un poste dans un autre secteur – comme quitter la banque pour le conseil par exemple. Cependant, elle révèle aussi que vous aurez pratiquement autant de chances de changer de secteur avec l’aide d’un chasseur que par vos propres moyens. Il n’y aurait donc pas de mal à essayer…
2. Un chasseur ne pourra pas vous aider à changer de métier
De la même façon, un chasseur de têtes n’augmentera pas vos chances de passer de l’analyse financière aux fusions-acquisitions. La probabilité d’une telle évolution sera plus élevée via la mobilité interne, en restant donc au sein d’une même entreprise.
3. Un chasseur ne vous trouvera pas de nouveau poste si vous avez un métier très technique
C’est l’un des points intéressants soulevés par les chercheurs, qui soulignent dans leur étude l’incapacité des chasseurs de têtes à travailler avec des candidats dont ils appréhendent mal les compétences. Exemple flagrant : l’informatique, où les champs de compétences sont souvent complexes. « Dans ce cas, les cabinets minimisent le risque de présenter une candidature qui ne correspondent pas parfaitement à la recherche du client : ils retiennent des candidats disposant d’une large expérience et de solides compétences généralistes, et négligent les compétences plus pointues pourtant requises pour les postes très techniques », précisent les auteurs de l’étude. En d’autres termes, si votre poste actuel fait appel à des compétences complexes, prenez soin de rédiger votre CV de manière compréhensible pour les recruteurs (ou de n’approcher que les spécialistes de votre secteur).
A long terme, passer trop souvent par des cabinets peut s’avérer néfaste pour votre carrière
Si le passage par des cabinets de chasse apparaît plutôt comme une bonne idée en milieu de carrière (les personnes contactées par le cabinet dans l’étude étaient âgées en moyenne de 38 à 40 ans), un trop grand nombre de postes obtenus par l’entremise de recruteurs pourrait entraver votre progression.
L’étude révèle que les recruteurs finissent par limiter les options à force de vouloir faire correspondre les compétences existantes des candidats avec de nouveaux postes. A la longue, ce type de démarche s’avère peu propice à l’avancement. Pour preuve, les auteurs se réfèrent à des éléments indiquant que 9% seulement des directeurs généraux en poste dans les 100 plus grandes entreprises américaines ont effectué toute leur carrière dans une seule fonction – la plupart ayant donc occupé divers types de poste. Pour ce faire, la meilleure façon de procéder est de bouger en interne. Prenez Lloyd Blankfein : le CEO de Goldman Sachs est salarié de la société depuis depuis 1981 (entré à l’origine chez J. Aaron & Co.) et a occupé différents postes avant de décrocher la plus haute fonction.
