Tout le monde le répète : ne pas s’enflammer, même si l’économie française repart et si les banques enregistrent des résultats encourageants. « Du côté des BFI françaises, on est toujours dans une logique de réduction, avec de nouveaux plans qui vont venir, et dans une logique de transferts, notamment vers Londres », assure un consultant RH, qui connaît bien la place parisienne.
On continue donc de se terrer dans un bunker jusqu’à la fin de la crise ? Pas forcément. Les banques étrangères n’ont pas les mêmes stratégies que les établissements nationaux, et certaines misent très nettement sur la France. Standard Chartered s’apprête ainsi à annoncer des nominations dans son management, et les nouvelles ne sont pas mauvaises partout.
HSBC : la banque naturalisée française
HSBC constitue un cas particulier depuis que son rachat du CCF en 2005 en a fait, comme on aime à le rappeler à la direction, « une banque française ». Jean Beunardeau, directeur général d’HSBC France annonçait début juillet la fin du gel des recrutements dans la banque de détail dans le Sud-Ouest, même si la communication de l’établissement tient à préciser que la banque n’a jamais totalement cessé de recruter au niveau national. Sur 2013, l’objectif global pour la France est encore de 250 recrutements, en légère baisse par rapport aux 300 annoncés en début d’année.
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La nomination en juin de Jean-Manuel Richier, ancien de Blackstone, comme Managing Director, n’est donc pas forcément très significative, étant donnée l’importance de l’établissement, dont la BFI emploie 1.300 personnes, contre 200 ou moins pour les autres filiales de groupes étrangers sur la place de Paris. La banque prévoit une « recrudescence des recrutements sur les fonctions IT dédiées aux activités de marchés, sur les fonctions risques, legal et valuation control ». Comme partout ailleurs, le « Business Risk Control Management » ouvre des fonctions nouvelles dans tous les métiers. « Ils disent qu’ils reprennent les recrutements, mais l’objectif du management, c’est le maintien des effectifs, qui sont déjà à un niveau élevé », nuance Stéphane Rambosson, Managing Partner chez Veni Partners.
UniCredit : le retour du comte de Mustier-Cristo
Pour ce dernier, il faut surtout regarder du côté de l’italien UniCredit. La nomination de Jean-Pierre Mustier à la tête de sa CIB en février 2011, l’arrivée en juin 2011 de Patrick Soulard, lui-aussi ancien de SGCIB, à la direction générale France, et les multiples recrutements et nominations fin 2011-début 2012, montrent la volonté de la banque italienne de rejoindre le peloton de tête des grandes banques étrangères en France.
Encore une fois, c’est un destin unique pour un groupe dont l’ancienne filiale, issue de l’allemand HVB, avait mis la clé sous la porte en 2009. « Le développement devrait continuer, d’abord par des transferts de Londres sur la partie marché », pronostique Stéphane Rambosson, qui avait participé en 2012 au recrutement de Vincent Guardiola, ancien Directeur Général de la filiale française de l’espagnol BBVA. En juin 2013, la nomination comme responsable du cash management de Jérôme Cavaliero, ancien de SocGen et de CACIB, a attesté que ce développement ne se faisait pas que par des mouvements internes.
Standard Chartered, toujours à contre-courant
Enfin, l’autre banque étrangère qui se développe en ce moment en France, c’est la Standard Chartered, établissement britannique avant tout implanté en Asie. SC avait déjà surpris, mi-2008, en ouvrant un bureau à Paris alors que toute la place était tétanisée par les répliques du séisme des subprimes. « C’est une banque qui a superbement traversé la crise », souligne Thierry Mageux, Directeur de la Practice Financial Services de Robert Half. « Paris reste une implantation incontournable pour servir leurs clients asiatiques. C’est aussi un hub pour certains services spécifiques. ». La banque devrait ainsi prochainement annoncer des nominations dans son management en France, préfigurant une nouvelle étape de son développement.
Recrutements ciblés et ponctuels
Thierry Bossant, Business Manager chez Huxley Associates décortique le processus de croissance de ces filiales de groupes étrangers : « Les grands groupes qui sont peu ou pas implantés en France et qui cherchent à grignoter des parts de marché recrutent des profils expérimentés venant d’établissements déjà bien installés ou de banques françaises. Plutôt des gens en Corporate Banking qui auraient de bons contacts avec un portefeuille de clients du CAC40. Les indicateurs macro-économiques positifs peuvent effectivement donner espoir. Mais le signal clé, après le recrutement d’une force commerciale, c’est l’annonce d’une augmentation dans les levées de fonds. Ensuite, il faut délivrer le service, et pour cela, recruter au niveau back office, middle office et analystes. »
Ainsi, notons que JP Morgan avec l’embauche de Karine Thierry-Wilkinson comme Banquier privé senior et l’Union bancaire privée avec l’arrivée de Xavier Linsenmaier comme gérant de portefeuille misent sur le renforcement de leur force commerciale. À l’instar de Credit Suisse, la plupart de ces établissements mettent au cœur de leur stratégie les clients (U)HNW, soit (Ultra)High Net Worth, pouvant investir plusieurs dizaines de millions d’euros.
En dehors de ces grands groupes, des banques dotées de plus petites antennes en France, opèrent également des recrutements ponctuels. « Chez Mitsubishi, en trade finance et project finance, il y a de grosses opérations et des recrutements », illustre Thierry Mageux, de Robert Half, qui cite aussi Bank of Abu Dhabi. Mais encore une fois : ne pas trop s’enflammer. « C’est ponctuel, ici ou là, sur des marchés très pointus. Dans nombre d’établissements, la tendance est souvent plutôt à réduire la voilure », comme à UBS, par exemple, où un plan social annoncé au printemps affecte le quart des 100 salariés des activités de BFI à Paris.
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