L’industrie financière, peut-être plus que n’importe quel autre secteur, cultive un goût prononcé pour l’embauche des diplômés des meilleurs écoles et universités au monde. L’Europe lui fournit un bataillon de têtes bien faites grâce à des établissements d’exception, en particulier au Royaume-Uni avec des établissements tels qu’Oxford ou Cambridge, la LSE ou l’Imperial College, et en France où HEC, l’ESSEC ou encore l’EDHEC se retrouvent régulièrement en tête des classements internationaux des formations en finance.
Mais quel est le « earning power » de ces élites françaises et britanniques fraîchement embauchées ? C’est la question que s’est posé le spécialiste des rémunérations dans l’industrie financière Emolument.com. Son étude a porté sur 430 professionnels travaillant comme analyst ou associate dans les équipes front office de banques, sociétés de gestion, hedge funds et fonds de private equity à Londres et à Paris.
Premier constat, les diplômés d'« Oxbridge » sont ceux qui perçoivent les plus gros packages en entrant dans l’industrie financière Share on twitter, mais les Français sont en embuscade, avec à 5k€ euros d’écart seulement entre un analyst issu d’Oxford et son collègue issu d’HEC. Un écart qui tend par ailleurs à se réduire par la suite au niveau associate. Les associates HEC et les ESSEC prennent même davantage de hauteur dans le second classement. Dans ces deux top 11, les écoles françaises dominent par leur présence, elles sont 6 contre 5 établissements britanniques.
« La politique de recrutement des banques est très agressive à l’égard des jeunes élites britanniques qu’elles viennent chasser dès leur 2e année d’études. Ce qui crée un « channel » naturel vers la City. Dans le cas des Français, la sollicitation est aussi forte mais une bonne partie d’entre eux occupent des fonctions à Paris, où la finance est moins rémunératrice qu’à Londres », explique Alice Leguay, chargée du développement commercial chez Emolument, et ancienne vendeuse chez Morgan Stanley à Londres. D’où la domination des Britanniques dans le classement. Dans le panel d’Emolument, les diplômés d’HEC et de l’ESSEC sont 60% à travailler à Paris. Ce pourcentage augmentant pour les autres écoles françaises au fur et à mesure que l’on descend du classement.
Alors que se passe-t-il si l’on place les étudiants d’élite français et britanniques sur un terrain d’égalité – la City ? Les Français se révèlent mieux cotés à Londres que leurs collègues issus des meilleures écoles britanniques Share on twitter, comme le montrent les deux tableaux ci-dessous qui excluent les professionnels basés à Paris.
Et le CEO d’Emolument Robert Benson de conclure de façon consensuelle : « Les Grandes Ecoles françaises sont bien connues pour former des diplômés hautement techniques et efficients dotés d’une grande expérience de travail, en contraste avec les diplômés britanniques qui réalisent de courts stages d’été et obtiennent des qualifications plus généralistes. Les banques sont cependant toujours très désireuses de tirer le meilleur des deux parties pour créer une émulation grâce à cette complémentarité de compétences »,