On attendait tous ce moment. Alors que votre corps s’évertue à relever le défi de la digestion post-orgie des fêtes de fin d’année, vous n’avez qu’une obsession : vous échouer sur un canapé, et devant la télé de préférence. Plutôt que de vous infliger la Grande Vadrouille ou Angélique, Marquise des anges, pourquoi ne pas vous mater un bon film sur la finance ? Share on twitter
Après ces 12 mois écoulés – et toujours aussi tourmentés dans le monde merveilleux de la finance – seuls sont autorisés à poursuivre la lecture les financiers qui n’ont pas (encore) fait une overdose de scandales de fraudes, litiges et autres délits d’initiés Share on twitter. Car tous ces sujets constituent évidemment la matière favorite des réalisateurs dans leur traitement du monde financier.
Cet avertissement fait, nous vous proposons cette sélection de bandes-annonces pour vous aiguiller dans votre choix, selon votre humeur et peut-être aussi en fonction de qui est en votre compagnie (chéri(e), mamie, petit(s), ou seul).
Il y a en pour tous les goûts, de l’incontournable Gordon Gekko au thriller mathématique en passant par la comédie ou le documentaire Share on twitter. Voici quelques joyaux cinématographiques, à revoir sans modération ou à découvrir. Avec ça, vous reprendriez bien un petit chocolat ?
1 – UN FAUTEUIL POUR DEUX (Trading places) de John Landis (1983)
C’est la comédie de Noël par excellence, dans lequel le couple Eddie Murphy / Dan Aykroyd surfe sur les clichés des milieux financiers. Un pur produit des années 80. Le ressort comique s’appuie sur un échange de rôles entre un jeune banquier d’affaires successful et un Noir débrouillard mais fauché. Et ce, pour le besoin d’un pari passé entre les détestables patrons du premier. Une histoire qui finit forcément bien pour les gentils héros.
2 – WALL STREET d’Oliver Stone (1987)
Gordon Gekko a inspiré toute une génération d’aspirants traders, qui ont repris en cœur « Greed is good », crédo des années dorées de la finance. À la sortie du deuxième volet Wall Street, l’argent ne dort jamais, en 2010, le Financial Times avait interviewé des financiers, qui confiaient avec sentimentalisme, que le premier film d’Oliver Stone avait eu un impact décisif dans leur choix de carrière. Certains jeunes étudiants à l’époque de la sortie de ce western de la finance avaient regardé le film tellement de fois qu’ils en savaient plus sur Gordon Gekko que sur leur propre famille, confiait alors au journal Ken Moelis, un ancien banquier américain d’UBS qui créé sa propre et boutique.
3 – PI de Darren Aronofsky (1998)
C’est l’anti Wall Street. La finance n’est plus glamour. Max, un brillant mathématicien migraineux, reclus et avec un fort penchant paranoïaque, se met en quête d’une formule mathématique lui permettant de prédire les fluctuations des marchés financiers. Il se retrouve alors en prise, en autres, avec une grande firme de Wall Street qui souhaite dominer le monde de la finance. Ce thriller mathématique expérimental est parfait pour des geeks, portés sur la philosophie…
4 – TRADER (Rogue Trader) de James Dearden (1999)
Pourquoi inventer une fiction quand l’industrie financière fournit des histoires retentissantes clés en main ? James Dearden l’a bien compris en adaptant sur grand écran l’autobiographie de Nick Leeson, ce jeune trader ambitieux et naïf, qui a défrayé la chronique en 1997 en faisant couler son employeur la Barings Bank, l’une des institutions financières les plus réputées du Royaume-Uni. Après avoir accumulé des pertes d’1,4 milliard de dollars, soit plus du double du capital de la banque, Nick Leeson, basé à Singapour, est passé du statut de star des marchés asiatiques à celui de « rogue trader » le plus émérite de sa catégorie. Mais ça, c’était avant l’affaire Kerviel…
5 – LES INITIÉS (Boiler Room) de Ben Younge (2000)
Ce film est basé sur des interviews que le réalisateur a conduits avec de nombreux traders pendant deux années. Atmosphère de rivalité teintée de fraternité, petits jeunes ambitieux sous pression, DRH aux méthodes agressives… L’ambiance y est réaliste. Les « initiés » sont de jeunes courtiers avides qui spéculent dans l’illégalité sans même le savoir. Le film montre l’ascension et la dégringolade de Seth Davis (joué par le magnétique Giovanni Ribisi). Pour regagner l’estime de son juge de père, ce jeune homme prend goût aux récompenses pécuniaires de cette « boiler room ». Cette bande de financiers, un peu voyous, tiennent pour bible le film d’Oliver Stone, auquel Ben Younge fait moyennement honneur.
6 – AMERICAN PSYCHO de Mary Harron (2000)
L’adaptation du chef d’œuvre de Bret Easton Ellis a été plutôt malmenée par la critique. Cette satire ultra-cynique du Wall Street euphorique des années 80 – certes moins sanglante que la copie originale – n’est en pas moins dérangeante. Christian Bale, golden boy le jour, serial killer la nuit, campe un Patrick Bateman glaçant. Et comment ne pas revoir cette scène mythique, pathétique et drôle à la fois, de ces financiers comparant leur carte de visite pour voir qui a la plus belle… Allez, ne nous dîtes pas que vous ne l’avez jamais fait ?
7 – THE SCAM (Jak Jeon) de Lee Ho Jae (2008)
Des costume-cravates, des chiffres qui défilent sur les écrans, des belles voitures, d’imposantes propriétés… et une fraude d’envergure, saupoudrée de trahisons tous azimuts : bref, un décor classique de film d’intrigue financier, cette fois à la sauce coréenne. Ce film d’action raconte l’histoire d’un jeune surdoué des marchés financiers utilisé et trompé par un ancien mafieux reconverti en patron d’un groupe coté, attelé à la mise en place d’une énorme escroquerie via des spéculations boursières sur Internet. « The Scam est un thriller sur les marchés financiers et il n’essaye pas d’être autre chose. Et c’est une bonne chose », assure la critique postée sur le site asianmovieweb.com.
Pour voir la bande-annonce version originale (sous-titrée en anglais), cliquez sur ce lien (un peu plus bas sur la page).
8 – CAPITALISM, A LOVE STORY de Michael Moore (2009)
On aurait pu sélectionner “Inside Job” de Charles Ferguson ou “Cleveland contre Wall Street” de Jean-Stéphane Bron, tous deux sortis en 2010, mais quitte à regarder un docu sur les causes du krach financier de l’automne 2008, autant le voir avec un clown drôle et provocateur à l’écran. Comme toujours, avec ce talent qui lui est propre, Michael Moore se met en scène, cette fois avec Wall Street en fond de décor. Il n’y a vraiment que lui capable de convoquer Jésus en personne, au travers d’une interview d’un prêtre, pour condamner le système. Jubilatoire.
9 – KRACH de Fabrice Genestral (2010)
C’est un article du Monde sur la chute du hedge fund LTCM fin 1998 qui inspire l’idée du film à Fabrice Genestral. “En pénétrant cet univers, j’ai découvert un potentiel fictionnel passionnant, flirtant avec la mythologie. Des mathématiciens, dont des Prix Nobel, cherchaient le modèle qui leur ferait décrocher la martingale, comme des alchimistes du XXIème siècle qui ne transformeraient pas le plomb en or, mais l’argent en argent”, a expliqué le réalisateur français, qui s’est associé à Paul Besson, un mathématicien, devenu trader, pour s’assurer du réalisme des scènes. Le héros Erwan (Gilles Lellouche), trader doué dans un grand établissement new-yorkais décide de monter son hedge fund pour appliquer une stratégie basée sur la théorie d’une corrélation entre variations climatiques et flux boursiers. Une sorte de Pi à la française, davantage grand public cela dit.
10 – MARGIN CALL de J.C Chandor (2011)
“Sois le premier, le meilleur ou triche”, le sous-titre du film donne le ton. Pourtant pas de corruption ni de drame, encore moins d’explosion ou de sexe, mais un vrai thriller qui humanise Wall Street. Pour son premier film, J.C Chandor a dégoté un casting impeccable (Kevin Spacey, Jeremy Irons, Demi Moore, Zachary Quinto). À l’aube d’un crash boursier, cette équipe de traders nous entraîne dans les méandres des dernières 24h d’une firme financière, allusion appuyée à un certain Lehman Brothers (étrangement croisé avec un Goldman Sachs). “You’re selling something that you know has no value” ! est devenue une des répliques phare du film.
11 – LE LOUP DE WALL STREET de Martin Scorsese (2013)
Le film est inspiré des mémoires de Jordan Belfort, incarné ici par Léonardo DiCaprio – ce trader américain condamné à 22 mois de prison à la fin des années 1990 pour détournement de fonds via sa société de courtage Stratton Oakmont. Le scandale leva le voile sur la corruption à Wall Street et les usages débridés de l’alcool, des drogues, des femmes de certains jeunes traders insouciants… Pour jouer une scène où son personnage rentre en rampant chez lui sous l’effet des quaaludes, un sédatif-hypnotique puissant, Di Caprio s’est inspiré d’une vidéo viralesur Internet de l’homme le plus saoul du monde. Des scènes mythiques en perspective !
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive. Si ce top 10 ne vous comble pas, quelques bonus pour la route… :
- Le Sucre de Jacques Rouffio (2008) s’inspire d’une histoire vraie sur fond de bulle spéculative en 1974 sur le prix du sucre. Le film est emmené par le coupe complice Gérard Depardieu et Jean Carmet.
- A la recherche du bohneur (The Pursuit of Happyness) de Gabriele Muccino (2006) : une histoire vraie, là aussi, d’un représentant de commerce (Will Smith) qui succombe aux sirènes de la finance. Ou comment passer de la misère à la fortune.
- Ma part du gâteau de Cédric Klapisch (2011) : un film social plus qu’un film financier dans lequel un trader (Gilles Lellouche), basé entre Paris et Londres, provoque la fermeture d’une usine de Dunkerque et emploi, sans le savoir, une des salariées licenciés comme femme de ménage.
- Arbitrage de Nicholas Jarecki (2012) avec Richard Gere en parfait magnat de la finance new-yorkaise, en apparence seulement
- Le capital de Costa-Gavras (2012), qui montre Gad Elmaleh, cadre arrogant et sans scrupules propulsé à la tête d’une banque d’affaires suite à un cancer des testicules du PDG qu’il servait jusque là.
- Comment j’ai détesté les Maths d’Olivier Peyon (2013). Documentaire. Les mathématiciens les plus célèbres prennent des allures de vrais personnages de cinéma. Parmi eux, George Papanicolaou, professeur de “math fi” enseignant à Stanford qui a formé les plus grands traders, et Jim Simons, mathématicien mais surtout fondateur du hedge fund Renaissance Technologies.
- Une Histoire d’amour d’Hélène Fillières (2013). Le film relate la tragique liaison sadomasochiste entre le banquier français Edouard Stern (Benoît Poelvoorde), retrouvé mort en 2005 dans son appartement genevois, et sa maîtresse (Laetitia Casta), qui sera condamné à huit ans et demi de prison.