La saison des résultats des banques suisses pour 2014 est bouclée, voici donc venu le temps du bilan : quels sont les établissements les plus généreux avec leurs salariés dans leurs différentes activités (banque d’investissement, gestion d’actifs et gestion de fortune) ? Qui sont les plus profitables ? Les politiques de rémunération desdits établissements sont-elles justifiées par leurs performances ? Ce travail comparatif, réalisé sur la base des informations communiquées par les banques suisses lors de la publication de leurs derniers résultats, montrent quelques incohérences…
BANQUE D’INVESTISSEMENT
Commençons par le cas assez frappant d’UBS, qui a dépensé en moyenne 345.000 CHF en 2014 pour chacun de ses banquiers d'investissement en 2014 Share on twitter. Ces charges de personnel comprennent les charges sociales, par conséquent le chiffre de la rémunération brute moyenne des collaborateurs (salaire plus bonus) est d’au moins 15% inférieur à ce chiffre. Reste qu’UBS rémunère en moyenne 50k de plus que sa rivale Credit Suisse et près de 100k de plus que Vontobel.
Pour être si généreusement payés, les banquiers d’investissement d’UBS doivent donc être particulièrement productifs. L’analyse du bénéfice avant impôts moyen par tête montre en fait le contraire. Celui-ci est de 7.000 CHF contre 193.000 CHF généré chez Vontobel. Evidemment, cet écart inversé s’explique en partie par les charges bien plus élevées d’un mastodonte comme UBS, qui par ailleurs doit provisionner des amendes record. UBS a été sanctionné l’an passé aux Etats-Unis, avec six autres banques, pour manipulation du marché des devises. Le leader suisse a également été sanctionné en Suisse pour manipulation du marché des métaux précieux.
Pas étonnant donc que le ratio coûts / revenus de la banque d’investissement d’UBS atteint un record inquiétant en 2014. Pour chaque franc gagné, le géant bancaire a dû débourser 0,99 centimes pour couvrir ses coûts. Credit Suisse n’a pas non plus de quoi fanfaronner avec un ratio coûts / revenus à plus de 82% quand la moyenne du secteur se situe plutôt autour des 60%.
GESTION D’ACTIFS
Fait intéressant dans l’industrie financière suisse, certains employés des activités de gestion d’actifs gagnent mieux leur vie que leurs collègues banquiers d’investissement. C’est le cas chez Vontobel, qui pousse actuellement ses pions à Genève. La banque zurichoise dépense en moyenne 743.000 CHF pour ses employés travaillant dans sa division asset management (AM), soit trois fois plus que pour ses banquiers d’investissement. Les employés de la division AM de Vontobel sont aussi particulièrement bien traités au regard de ce qui est pratiqué dans le secteur. UBS rémunère trois fois moins ses salariés de cette activité. La réalité n’est en fait probablement pas aussi tranchée. Ces Ces données sont à prendre avec précaution : Vontobel exclut ses fonctions support (middle et back office) de ce calcul. Quant à Credit Suisse, le calcul des charges de personnel a été réalisé sur l’ensemble des activités de gestion d’actifs, de gestion de fortune ainsi que ses activités avec les clients coporate et institutionnels.
Quoi qu’il en soit, il faut rendre justice aux employés de Vontobel Asset Management, qui génèrent chacun en moyenne trois fois plus de bénéfices avant impôt que leurs confrères chez UBS et Credit Suisse. Chaque employé de Vontobel a ainsi généré pas moins de 413.000 francs l’an dernier.
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Le ratio coûts / revenus dans les activités de gestion d’actifs des banques suisses se révèle assez élevé, avec un taux d’au moins 70% pour les trois établissements ci-dessous. De manière générale, la plupart des banques suisses connaissent une base de coûts élevée. Un problème qui est susceptible de s’aggraver avec la forte hausse du franc suisse résultant la suppression du taux plancher par la BNS mi-janvier.
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GESTION DE FORTUNE
Le secteur de la gestion de fortune montre souvent des écarts frappants entre les rémunérations des collaborateurs et la « rentabilité » de ces derniers. Sergio Ermotti, CEO d’UBS, a ainsi été heureux d’annoncer des « profits records » de 900 millions de francs dans la division Wealth Management Americas. Ces employés américains sont aussi beaucoup mieux payés que leurs collègues employés dans du reste du monde. Au sein de sa division de gestion de fortune, UBS dépense en moyenne 298.000 francs pour payer ses salariés outre-Atlantique quand elles ne déboursent « que » 201 000 francs en moyenne ailleurs dans le monde.
Si l’on ne s’attache qu’à regarder le bénéfice par tête avant impôts, la division UBS Wealth Management doit s’avouer vaincue devant Vontobel, chez qui chaque employé génère près de 168.000 CHF contre 139.000 chez UBS (hors Amériques). À noter que les salariés d’UBS Wealth Management Americas – les mieux rémunérés du secteur – sont aussi les moins profitables. Il sera intéressant d’étudier les résultats de Lombard Odier et Pictet, présentés dans les prochaines semaines pour voir comment les pure players se situent en la matière.
Même constat que dans la gestion d’actifs : le ratio coûts / revenus dans les activités de gestion de fortune est également élevé dans les activités de gestion de fortune avec des taux à 70% ou au-delà, avec un chiffre particulièrement inquiétant pour UBS Wealth Management Americas. La menace de nouvelles amendes en Europe pourrait remettre en question l’apparente maîtrise des coûts chez UBS hors Amériques. Rappelons qu’en France, le groupe suisse s’est déjà vu imposer une caution de 1,1 milliard d’euros pour une enquête en cours sur du démarchage bancaire illicite et blanchiment de fraude fiscale, qui pourrait lui coûter jusqu’à 6 milliards de francs.
