Essayer de parler avec un recruteur en finance s’apparente assez à établir le contact avec un ado : ils répondent rarement aux messages et quand bien même, exclusivement lorsqu’ils ont besoin de vous ; leurs téléphones semblent perpétuellement éteints ou vos appels sont automatiquement redirigés vers la messagerie ; voire, ils vous ignorent pendant des semaines.
Et pourtant, les recruteurs restent plutôt des gens raisonnables. S’ils sont parfois insaisissables, ils ont leurs raisons. Si vous avez laissé six messages sans réponse, peut-être faut-il envisager de ne pas rappeler. Il y a des raisons assez évidentes pour lesquelles votre candidature peut être ignorée.
Mais comme en la matière les recruteurs en finance sont plutôt prolixes, nous avons décidé de compléter la liste des faux-pas pour éviter de vous faire black-lister. Voici ce que ces recruteurs de renom, qui témoignent sous couvert d’anonymat, nous ont confié à propos de ces candidats qui hantent leur quotidien…
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Les recruteurs vous ignorent si vous paniquez et postulez à tout et n’importe quoi
Le directeur d’un cabinet de recrutement spécialisé en finance avoue : « On voit régulièrement des candidats postuler à cinq ou six jobs par semaine. Ils regardent le titre du poste et cliquent sur ‘Envoyer’ sans envisager, ne serait-ce qu’un instant, que leur expérience n’a rien à voir avec ledit poste ».
Pour ce recruteur plutôt compréhensif, le découragement guette cette catégorie de candidats : leurs précédentes candidatures sont restées sans réponse, et ils multiplient frénétiquement les envois, sans penser qu’ils ne font qu’hypothéquer leurs chances pour l’avenir.
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Ils vous ignorent si vous vous méprenez sur le processus de recrutement
Il existe deux sortes de prestataires en recrutement : les chasseurs de têtes (ou consultants en ‘executive search’) avec un mandat exclusif de leur client et les cabinets de recrutement rémunérés ‘au succès’. Vous pouvez envoyer votre CV aux cabinets de recrutement, mais pas aux chasseurs de têtes. Ces derniers ne publient pas d’annonces et n’approchent que les candidats qui les intéressent.
« Beaucoup de gens nous appellent, reconnaît un chasseur de têtes. Mais nous ne pouvons pas trouver un job à n’importe qui. Nos clients nous donnent toujours des instructions précises pour trouver des profils bien spécifiques. Et si le profil ne correspond pas au cahier des charges, alors nous n’avons aucun moyen de l’aider ».
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Ils vous ignorent si vous considérez qu’un poste senior vous ouvre toutes les portes
Avoir occupé un poste de managing director (MD) ou avoir exercé plusieurs années dans la banque ne constitue en rien un sésame pour tous les postes senior. Un recruteur nous explique qu’il cherche actuellement pour un poste de responsable M&A avec une rémunération de 3 millions d’euros par an. « Parmi les postulants, j’ai un MD en trésorerie, un analyste spécialiste des relations investisseurs doté de six ans d’expérience ou encore un responsable mondial des opérations, qui a travaillé le plus clair de sa carrière à faire de la réconciliation bancaire. Les gens pensent qu’un poste de MD leur confère une légitimité pour postuler à tout et n’importe quoi », se désole-t-il.
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Ils vous ignorent aussi si vous postulez auprès d’une banque leader sans avoir travaillé chez un concurrent direct depuis la crise
Le milieu de la banque raisonne beaucoup en termes de marque. Avoir travaillé chez Morgan Stanley en 2007 ne constitue en rien un passeport pour intégrer J.P. Morgan en 2015.
Pour preuve, cet exemple d’un autre recruteur : « Un MD m’appelle régulièrement en me demandant de pousser sa candidature auprès de banques de Tier 1. Je dois à chaque fois lui rappeler qu’il n’a travaillé pour aucune d’entre elles depuis huit ans, et qu’en conséquence il n’a aucune chance de retenir leur attention ».
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Ils vous ignorent parce qu’ils sont débordés
Les recruteurs en finance sont tout simplement épuisés par le volume de candidatures à traiter. L’un d’eux avoue : « 80% des postulants ne correspondent en rien au profil requis pour le job auquel ils prétendent. Environ 5% sont réellement dans la cible, et les 10-15% restant sont susceptibles d’intégrer notre base de données. On aimerait pouvoir accorder un entretien à chacun, mais c’est juste inenvisageable. Le temps nous est compté au point que seule une réponse automatique reste possible. »