Xenia Tchoumitcheva était appréciée chez J.P. Morgan. A tel point que ce mannequin russo-italo-suisse, parlant six langues et titulaire d’un diplôme d’économie, a reçu de la banque une offre d’embauche à l’issue de son stage à Londres en 2012.
Alors que la possibilité d’entrer comme analyste chez JPM ferait bien des heureux, Xenia Tchoumitcheva a décliné l’offre. Et est devenue en trois ans une blogueuse mode reconnue, travaillant avec des marques aussi prestigieuses que Versace, Ferragamo, Todds, Stella McCartney et même Rolls Royce.
Xenia compte aujourd’hui 353,000 followers sur Instagram et près de trois millions de likes sur Facebook. Voici son message si vous êtes stagiaire cet été…
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Vous avez effectué votre stage chez J.P. Morgan en 2012. Qu’est-ce qui vous a paru le plus dur ?
Je pense que c’était la nécessité d’adaptation à la structure et à la hiérarchie. J’ai débuté dans le mannequinat et l’animation télé à 18 ans, et je fais aujourd’hui partie de ces influenceurs sur les réseaux sociaux qui gèrent leur propre affaire. J’ai toujours décidé moi-même de mon emploi du temps, tout en étant très créative, en gérant mes collaborateurs et mon temps de travail, week-ends compris, et décidant de faire une pause quand le besoin s’en faisait sentir. A la banque, je me suis retrouvée au bas de l’échelle, dans un univers aussi structuré que rigide.
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Y avait-il beaucoup d’autres femmes dans votre promotion de stage ? Ou les stages restent-ils un domaine essentiellement masculin ?
Non – j’ai rencontré au cours de mon stage plusieurs femmes avec lesquels je suis d’ailleurs restée amie. Mais je pense effectivement que la finance est de plus en plus dominée par les hommes au fur et à mesure que l’on monte en grade. On a tendance à voir plus d’hommes s’accrocher à leur job et progresser en termes de carrière, alors que les femmes continuent de galérer pour jongler entre vie professionnelle et vie privée. Je pense qu’il y a une marge de progression significative pour les entreprises vis-à-vis des femmes avec des enfants en bas âge – et cela s’applique à tous les secteurs, bien au-delà de la finance.
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Quel service avez-vous intégré pour votre stage ?
La banque d’investissement, plus précisément Futures & Options Sales trading
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Envisagiez-vous un poste en banque à la fin de votre stage ? Vous a-t-on fait une offre d’embauche ? Pourquoi l’avez-vous déclinée ?
Absolument. On m’a proposé un poste, mais j’ai décidé de ne pas donner suite. Tout simplement parce que je me suis rendue compte que je voulais vraiment rester indépendante et monter ma propre affaire. C’est ce qui m’a donné l’idée de lancer mon blog chicoverdose.com, Je travaille aujourd’hui avec les plus grandes marques du monde de la mode et nous comptons maintenant plus de 3 millions de fans sur les réseaux sociaux.
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Quel conseil donneriez-vous aux jeunes actuellement stagiaires dans la banque ? Comment transformer un stage en offre d’embauche ?
Travaillez plus que vos collègues, arrivez plus tôt au bureau et partez plus tard. Attachez-vous aussi à comprendre ce que fait réellement votre service, soyez proactif et lisez beaucoup, sur tout ce qui touche à votre job, y compris les détails.
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Quels sont selon vous les freins à une offre d’embauche en fin de stage ?
Il arrive qu’il n’y ait tout simplement pas de poste à pourvoir. Je leur conseillerais de faire preuve de souplesse, quitte à accepter un poste sans rapport avec leur stage au sein de la même structure ; cela pourrait les mener à terme au job de leurs rêves.
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Vous êtes maintenant chef d’entreprise. Trouvez-vous l’entreprenariat plus difficile que la finance ?
Je ne m’arrête jamais, même en vacances je passe mon temps vissée à mon ordinateur, pour répondre à mes messages, négocier avec les marques, parler aux développeurs de mon blog ou de ma boutique en ligne, ou tout simplement créer du contenu pour les médias sociaux et échanger avec mes fans.
Mais mon job actuel est extrêmement varié et créatif, ce qui, pour quelqu’un comme moi, est bien plus facile à gérer : je me nourris de la passion de mon métier, et j’y prends énormément de plaisir.
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Ne regrettez-vous jamais de ne pas avoir saisi cette chance de faire carrière dans la banque ?
Non, mais je suis très reconnaissante d’avoir pu vivre cette expérience en banque d’investissement. Même sur une courte période, cela m’a appris à m’astreindre à une discipline stricte et à structurer une entreprise. Ce sont des compétences que j’utilise au quotidien, et que je serai appelée à utiliser de plus en plus pour faire face à la croissance de mon entreprise.
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