Tidjane Thiam vient de présenter les premiers résultats trimestriels depuis sa prise de fonction en tant que CEO de Credit Suisse. Si vous êtes employé au sein de la banque d’investissement de l’établissement suisse, vous avez quelques bonnes raisons de vous inquiéter.
Confiant dans son objectif de « création de valeur pour les actionnaires », Tidjane Thiam a indiqué vouloir développer « un modèle commercial moins gourmand en capitaux » qui devra assurer « une performance moins volatile ». L’accent sera mis sur les secteurs générant des résultats « sensiblement supérieurs au coût du capital », a-t-il ajouté en précisant que certains départements de la banque d’investissement seraient sans doute fermés. Lequels ? Cela reste à définir. Thiam a confirmé que « l’analyse et l’évaluation » étaient toujours en cours, mais a promis « une sélection impitoyable ».
Une annonce peu rassurante pour les quelques 20.000 employés de la banque d’investissement, qui a enregistré une chute de 13% de ses bénéfices par rapport au deuxième trimestre 2014 et a vu son rapport coût-revenu dépasser les 74%, contre 69,3% l’année passée. Le rendement du capital réglementaire dans la banque d’investissement est tombé de 18,7% il y a un an à 15,6%, et les ventes de titres à revenus fixes et revenus du trading sont en baisse de 5% sur un an en francs suisses.
Les performances de Credit Suisse en fixed income restent honorables comparées aux baisses de 28% chez Goldman Sachs ou 21% chez J.P. Morgan par rapport au deuxième trimestre 2014, sans toutefois remplir les objectifs de Tidjane Thiam en matière de futur non-volatile – surtout si l’on considère que les revenus du fixed income avaient chuté de 19% au trimestre précédent.
Les résultats du deuxième trimestre font suite aux divers rapports suivant lesquels les traders en fixed income de Credit Suisse ont dû cesser les opérations de trading au dernier trimestre après avoir atteint leurs limites de capitaux. Curieusement, les actifs pondérés des risques dans les différentes divisions de la banque ont en fait augmenté au deuxième trimestre, conséquence des changements intervenus sur les modèles de risque, conjugués à la hausse du franc suisse. Credit Suisse vise à réduire de 4 milliards de francs suisses les actifs pondérés des risques de sa banque d’investissement d’ici à la fin de cette année, suggérant ainsi que les limites de capitaux pourraient être encore resserrées.
Comme toujours, c’est l’incontournable graphique de Credit Suisse qui apporte les ultimes précisions. Tous les départements du segment supérieur risquent des réductions liées au capital. Le crédit global, la titrisation et les marchés émergents pourraient être particulièrement menacés après un deuxième trimestre difficile.
Si la banque d’investissement paraît menacée par les objectifs de rationalisation de Tidjane Thiam, quels sont les secteurs à l’abri ? A priori l’Asie. Et la banque privée. Une diapositive entière de la présentation des résultats a été consacrée aux miracles des activités en Asie, où la rentabilité affiche une progression insolente de 101% sur le premier semestre 2015 par rapport aux six premiers mois de 2014. Avec un résultat impressionnant aussi en gestion de fortune, où le rendement du capital réglementaire a atteint 29%.
Si vous êtes CEO, fraîchement installé, déterminé à mettre l’accent sur la création de valeur pour les actionnaires et les rendements du capital réglementaire, il vous faudra peu de temps pour identifier les secteurs à conserver et ceux dont vous devrez vous séparer. De l’aveu de Tidjane Thiam lors des résultats, la banque d’investissement compte des secteurs affichant une réussite « impressionnante » – susceptibles de constituer un appui appréciable pour la banque privée.