Changer de job en finance s’apparente à une négociation avec la Banque Centrale Européenne… cela prend du temps et demande de la patience, pour une réponse qui peut finalement s’avérer négative.
Témoin l’exemple de ce trader qui raconte : « Deutsche Bank a mis 12 mois à prendre sa décision. Et à m’annoncer à l’issue du processus de recrutement que ce serait non. »
La banque reconnaît effectivement un vrai problème. Dans son discours inaugural aux employés la semaine dernière, le nouveau CEO John Cryan a déclaré avoir eu vent des délais selon lesquels Deutsche Bank prendrait « neuf mois pour faire passer des entretiens et décider de recruter ou non un candidat » et qu’il « n’est pas questionne de continuer ainsi ».
Selon les recruteurs, le bourbier bureaucratique de Deutsche Bank est certes profond, mais elle n’est pas, loin s’en faut, la seule banque à patauger allègrement… « Deutsche Bank investit beaucoup de temps dans les entretiens » indique le directeur d’un cabinet de recrutement. « Un candidat peut y passer entre sept et dix entretiens, à la suite de quoi on peut lui faire une proposition verbale, qui devra être approuvée. Viendra ensuite la rédaction du contrat. »
Il poursuit avec les banques américaines « qui prennent aussi des lustres – puisqu’elles doivent attendre l’accord de New York. Quant aux banques européennes de second tier, elles aussi peuvent se montrer très lentes dans leurs prises de décision. » Dans les faits, « la durée standard est de trois à cinq mois ».
Comment faire donc si vous voulez décrocher une proposition avant la fin de l’été ? Voici les conseils de recruteurs susceptibles de jouer sur la rapidité de la décision.
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Postulez – ou pas – à des postes générateurs de revenus
Cela va sans dire, les banques accélèrent le rythme du recrutement dès lors que les postes concernés peuvent leur rapporter du chiffre. C’est l’exemple que cite Chris Apostolou d’Arbitrage Search & Selection : « les fonctions de sales et trading sont pourvues plus rapidement que celles liées à la recherche » pour lesquelles « les postes sont pourvus en six mois ».
Oliver Rolfe, du cabinet de recrutement Spartan Partnership, précise que ce type de démarche ne s’applique pas lorsque les chercheurs sont classés : « il est facile d’évaluer les analystes puisqu’ils ont un produit. L’embauche des commerciaux et des traders prend plus de temps du fait de la diligence raisonnable entrant en ligne de compte pour déterminer leur aptitude. »
- Oubliez l’Allemagne
Il est d’usage outre-Rhin d’avoir un préavis de trois mois, débutant à la fin du trimestre en cours. Concrètement, confie Chris Apostolou, « si quelqu’un en Allemagne démissionne maintenant, il ne sera effectivement disponible que dans trois mois à compter du 1er septembre ». Ce qui, en d’autres termes, correspond à une prise de fonction sur un nouveau poste en décembre. Voilà qui pourrait expliquer le peu d’empressement des banques allemandes à rédiger les contrats.
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Essayez les Etats-Unis – ou pas
C’est certes anecdotique, mais les employeurs basés aux US semblent plus prompts à formaliser leurs offres que leurs homologues européens. Chris Apostolou cite en exemple « un cas de 2009, où j’ai vu un candidat recevoir une offre d’embauche à 1 million de dollars trois jours après l’ouverture du poste ». « Le lundi, il acceptait l’offre et commençait le jeudi. »
Certains chasseurs de tête américains émettent cependant des doutes sur de tels cas. Ainsi Michael Karp, du cabinet new-yorkais Options Group, qui précise : « c’est assez courant ici de devoir attendre trois à cinq mois avant de bouger ».
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Postulez en boutique…
Là où les banques prennent des mois à décider de nouvelles embauches, les boutiques peuvent finaliser en quelques semaines. Pour Zaki Ahmed, du cabinet londonien Financial Search, « un placement rapide peut aboutir en deux semaines et demies ». Et de poursuivre : « les grandes banques ont tendance à prendre plus de temps que les boutiques, plus petites par la taille et impliquant moins d’intervenants dans le processus de décision. Et qui ont très bien compris qu’elles pourraient engager plus de candidats si elles faisaient preuve de rapidité. »
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… ou en fonds spéculatif
Les hedge funds recrutent rapidement pour les mêmes raisons que les boutiques, souligne Michael Karp : eux aussi sont plus petits et ont moins de décideurs à satisfaire.
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Approchez les Big Four
Même si leur système de recrutement est aussi lourd que celui des banques, les Big Four restent, aux dires des recruteurs, capables de prendre des décisions rapides quant aux nouvelles embauches. Comme le précise le directeur d’un cabinet spécialisé dans les recrutements en Investment Banking Division (IBD), « ils utilisent un processus en deux étapes pour les juniors et les postes de milieu de carrière. »
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Fixez-vous des échéances
Les grandes banques retardent leurs offres parce qu’elles peuvent se le permettre. Elles savent que les candidats sont déterminés à travailler pour elles et n’ont aucun état d’âme à prendre leur temps pour décider d’intégrer ou non un candidat lambda. Ce qui ne signifie pas non plus que vous devez vous en accommoder ! « Idéalement, il vous faudrait une offre verbale dans le mois qui suit le début du processus de recrutement, puis une offre écrite trois ou quatre semaines plus tard », précise notre directeur de cabinet. « Si vous ne recevez rien dans ces délais, n’hésitez pas à montrer que vous n’attendrez pas ».
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