Sergio Ermotti, Group CEO chez UBS, participait il y a deux ans à une table ronde lors du symposium de St Gall en Suisse et convenait qu’UBS pourrait bien à l’avenir compter dans ses rangs quelques personnalités intéressantes. « Bien sûr, il y aura sûrement quelques fous, même si nous passons toutes les candidatures au crible, » avouait-il face aux participants.
Si ‘fou’ n’apparaît pas franchement comme le profil adéquat du banquier du 21è siècle, quel serait donc le tempérament idéal ? Voici quelques traits de caractère à cultiver si vous voulez progresser dans la bonne direction.
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La patience
Une carrière réussie en finance ne se limite plus aujourd’hui à faire un maximum d’argent en un minimum de temps. Cela demande de la patience. « L’arrivée de règles strictes et de longs process de décision exigent de la patience, de la finesse stratégique et par-dessus tout un tempérament alliant calme et discipline, » explique Graham Ward, professeur adjoint en leadership à l’INSEAD, par ailleurs ancien banquier chez Goldman Sachs.
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L’éthique
Alors que le spectre des scandales du LIBOR et du marché des devises plane toujours sur la finance, les banques sont de plus en plus vigilantes quant à la moralité de leurs employés. Les banquiers seniors d’aujourd’hui font preuve d’une éthique bien supérieure à celle de nombreux collaborateurs seniors dans d’autres secteurs. Et Graham Ward de préciser : « Si vous ne voulez pas repartir menottes aux poignets entre deux policiers, restez vigilant et assurez-vous d’une éthique irréprochable en toutes circonstances. »
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La résilience
La banque reste un secteur très difficile. Si vous voulez progresser, il vous faudra encore et toujours être plus résilient que le voisin. Testez votre détermination et votre solidité mentale en cliquant ici.
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L’empathie
Par les temps qui courent, accéder au top de la finance passe par l’empathie. Victoria Macpherson, ancienne de la banque d’investissement de BNP Paribas, devenue coach en carrière, explique que les banques ont enfin pris conscience de leurs besoins en managers capables de faire preuve d’empathie. Elle ajoute que « les banques passent beaucoup plus de temps à former leurs meilleurs éléments, potentiellement les leaders de demain, pour leur faire comprendre l’impact que leurs actions peuvent avoir sur leur entourage, » et conclut : « Diriger une ou des équipes dans une banque n’a plus rien à voir avec une attitude agressive et directive ; il s’agit plus aujourd’hui de responsabiliser les collaborateurs, de les encourager… en deux mots de les former et d’être à leurs côtés comme un véritable coach sportif. »
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Le souci du détail
Que cela vous plaise ou non, il faudra savoir vous concentrer sur l’essentiel. Surtout si vous êtes encore junior. Et surtout en IBD.
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Une approche cartésienne
Le responsable recrutement d’une banque d’investissement nous a confié, sous couvert d’anonymat, accorder une attention particulière aux candidats capables de justifier leurs décisions de manière rationnelle. « On ne parle pas là que des résultats découlant de cette décision, mais du raisonnement complet qui l’a motivée, » précise-t-il. « Les collaborateurs que nous recrutons doivent être capables de démontrer qu’ils ont envisagé au préalable toutes les conséquences potentielles. »
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La capacité de concertation
Un autre recruteur indique que la sélection ne se limite pas au mode de raisonnement : « Lorsque nous sommes en phase de recrutement, nous recherchons des candidats capables d’exprimer leurs propres opinions, de les défendre avec des arguments solides mais aussi d’écouter et d’accepter le cas échéant les points de vue divergents. » Car de son propre aveu, « la concertation a son importance dans la banque ».
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Le charisme
La convivialité est aussi un très bon point. Notre directeur du recrutement poursuit : « nous recherchons en fait le type de ‘convive idéal pour un dîner en ville’ – intéressant, clairvoyant et de bonne compagnie ». En somme, « des collaborateurs capables de captiver une salle ou un groupe ».
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L’amabilité au sens strict du terme
Sajid Javid, actuel Secrétaire d’Etat au Commerce du gouvernement britannique et ex-Deutsche Bank, a été couvert d’éloges par ses anciens collègues, interrogés récemment par le Guardian. Un résultat certes en lien avec son ‘intelligence exceptionnelle’, mais pas seulement. A l’origine de ce plébiscite, sa capacité à ‘éviter les conflits’ et une personnalité qui n’a de surcroît jamais fait preuve d’une ‘ambition agressive’. Et pourtant, Sajid Javid a su faire son chemin jusqu’à la fonction de managing director chez Deutsche Bank. Si l’univers de la banque est connu pour être un microcosme politique, il arrive parfois que la politique consiste à se montrer le plus agréable possible plutôt que de jouer des coudes pour faire place nette des concurrents potentiels.
(Credit photo: aboutmodafinil.com)