L’Autorité des marchés financiers (AMF) vient de rendre public les chiffres clés de la gestion d’actifs relatifs à 2014. Les effectifs déclarés l’an dernier par les sociétés de gestion de portefeuille agréées s’établissent à 15 531 personnes – y compris les personnes détachées ou mises à disposition – soit une croissance de 3,3% par rapport à 2013 et un retour à des plus hauts historiques. « La gestion d’actifs en France offre donc des opportunités professionnelles qui se maintiennent dans le temps », soulignent les auteurs du rapport.
Ces bons résultats s’expliquent notamment par la hausse significative du nombre de gérants (+3,2% par rapport à l’exercice 2013) de façon cohérente avec l’accroissement du nombre de sociétés de gestion. En juin, l’AFG avait ainsi chiffré que 48 sociétés avaient vu le jour en France en 2014, soit une création nette de 21 unités, contre 5 à 9 par an les années précédentes. Entre 2010 et 2014, la part des structures entrepreneuriales spécialisées dans la gestion active, la gestion privée, la gestion alternative, la multigestion ou le capital investissement est ainsi passée de 58,5% à 65,5% dans la population totale. Au total, plus des trois quart (76,1%) des sociétés de gestion de portefeuille ont un effectif inférieur à 20 personnes et représentent 23,1% des emplois directs de l’industrie de la gestion d’actifs de la place de Paris.
Source : AMF
A contrario, la proportion des sociétés de gestion de portefeuille détenues par les établissements de crédit dans l’ensemble de la population (18,6%) est en baisse par rapport à 2010 (-6,3 %). « La rationalisation et la concentration de ces établissements – regroupements des activités de gestion d’actifs par le rapprochement d’établissements de crédits ou la fusion d’entités d’un même groupe – sont les principaux facteurs expliquant une croissance relative plus faible du nombre de ces entités », explique l’AMF. Cependant, leurs parts de marché ne se sont que très légèrement érodées (-0,9 % par rapport à 2010) et elles restent donc leaders en termes de parts de marché et voient leurs encours sous gestion s’établir à 1990 milliards d’euros, soit une progression de 12 % sur 4 ans.
Une demande bien réelle
Qu’en pensent les recruteurs en finance ? Certes, certains segments comme le marché des institutionnels sont en décroissance, à l’heure même où les comptes des régimes de retraites complémentaires Agirc-Arrco s’enfoncent dans le rouge. Il n’empêche, les recruteurs constatent que quelques recrutements ont bien eu lieu ces derniers mois. Pas vraiment une surprise si l’on se réfère aux prévisions de début d’année formulées par Odile Couvert, co-fondatrice du cabinet Amadeo Executive Search, qui indiquait alors dans nos colonnes que « les acteurs devraient poursuivre leur offensive sur le marché de l’emploi en 2015 » et recruter sur tous les métiers (marketing, vente, compliance…) et notamment – fait nouveau – des gérants capables de recréer et de différencier leur offre sur divers produits (convertible, crédit, actions, devises, asset allocation…).
Dans ce contexte, le nombre de gérants pourrait donc encore augmenter d’ici la fin de l’année, d’autant plus qu’une majorité de sociétés de gestion françaises voient leur développement s’effectuer en France et plus encore à l’international. C’est le cas de grands noms du secteur comme BNP Paribas Investment Partners qui a récemment annoncé la nomination de Matt Joyce, nouveau gérant de portefeuille au sein de l’équipe Multi-Asset Solutions basée à Londres. Mais aussi de structures de taille plus modeste comme Amilton Asset Management qui, en février dernier, a annoncé le recrutement de François Pascal en tant que gérant pour renforcer ses équipes de gestion diversifiée multi-classes d’actifs en France.
A noter que des recrutements de gérants sont aussi à l’œuvre dans les pays limitrophes. En Suisse, Mirabaud Asset Management a annoncé l’arrivée de Ken Nicholson en septembre pour gérer les portefeuilles petites et moyennes capitalisations européennes. Et KBL European Private Bankers (KBL epb), dont le siège se situe à Luxembourg, vient d’annoncer la nomination de Kristel Cools au poste nouvellement créé de group head of asset management.
Les gérants mais pas seulement
Il n’y a pas que les gérants qui intéressent les recruteurs. Il en va de même pour les commerciaux. Avant l’été, J.P. Morgan Asset Management annonçait le recrutement d’Alexis Jarnoux au poste de commercial dans l’équipe dédiée aux conseillers financiers. « Notre souhait est que le segment des conseillers financiers représente le troisième pilier de notre bureau français, en complément de notre positionnement déjà bien établi auprès des investisseurs institutionnels, ainsi que du segment ‘wholesale’ composé des multigérants et distributeurs tels que les banques privées », déclarait Pietro Grassano, directeur général pour la France, illustrant en cela la tendance du marché.
Enfin, « le marché de la distribution est plutôt dynamique tant au niveau des SGCI, plateformes de banques privées et autres family offices », nous indique un recruteur e finance qui officie sur Paris. Pour preuve, Convictions Asset Management a recruté cet été Laurent Gaillot en qualité de Directeur de la distribution externe. Quant aux sociétés de gestion nouvellement créées, «elles semblent disposer avant de se lancer d’un réseau clients plus conséquent qu’à l’accoutumée», constate l’AMF. Plutôt de bon augure…