La réorganisation des grandes banques européennes se poursuit. Après Deutsche Bank qui a laissé filtrer ce week-end une première information au sujet de son plan de restructuration, c’est Credit Suisse qui prend le relais, avec la décision de son nouveau CEO, le franco-ivoirien Tidjane Thiam, d’engager un retrait partiel du monde anglo-saxon et revenir aux racines suisses. Voici les gagnants et les perdants :
Perdant : Londres avec 2.000 emplois qui vont disparaître
Credit Suisse a l’intention d’économiser 3,5 milliards de francs suisses. C’est Londres qui va payer le plus lourd tribu en termes de suppressions d’emplois, Tidjane Thiam estimant que la capitale britannique est tout simplement « trop chère ». Par conséquent, le groupe prévoit de délocaliser 1.800 emplois dans le back-office de la Tamise vers des endroits à faible coût, notamment vers le site de Wroclaw, en Pologne. En outre, il est question de supprimer 200 postes en front-office pour « plus d’efficacité ». Au total, un tiers des emplois locaux est concerné.
Perdant : L’oncle Sam avec la vente des activités US de gestion de fortune à Wells Fargo
Credit Suisse voulant que la gestion de patrimoine devienne son cœur de métier, il est donc d’autant plus surprenant qu’il vienne de vendre ses activités US de gestion de fortune à Wells Fargo. Tidjane Thiam a fait valoir que cette opération entraînera un ratio coût-bénéfice de l’ordre de 100%. En bref, avec de riches clients américains, Credit Suisse ne fait pas d’argent. « Cela n’est pas une activité que nous voulons conserver », a déclaré Tidjane Thiam.
Perdant : la Suisse avec 1.600 emplois menacés
Pour autant, le retour à la gestion de patrimoine ne signifie pas que la Suisse soit épargnée par la réduction des coûts à venir. Au contraire, Tidjane Thiam a indiqué que sur le marché domestique 1.600 emplois disparaîtraient les trois prochaines années. Cela devrait, cependant, être atteint par des départs naturels. Depuis, Tidjane Thiam a néanmoins souligné l’importance de la gestion de patrimoine suisse, ainsi que les endroits dans le back-office et dans les branches qui doivent être sauvegardés en particulier. « Rien à voir avec le carnage attendu par certains », rassure-t-il.
Gagnant : la gestion de patrimoine qui sera renforcée en Suisse
Récemment une étude KPMG indiquait que 30 des 130 banques privées de Suisse allaient disparaître à moyen terme. Les hausse des coûts liés au contexte réglementaire entraînera une consolidation qui passera par le rachat de petits acteurs.
Credit Suisse va procéder à deux augmentations du capital-actions pour renforcer sa base de capital. Les opérations portent sur 6,05 milliards de francs au total et devraient permettre de faciliter l’achat de tout ou partie de petits gestionnaires de fortune suisses.
Perdant : le Fixed Income qui sera séparé de la banque d’investissement
Tidjane Thiam ne laisse aucun doute sur le fait que Credit Suisse se retirera partiellement du fixed income. Il se réfère explicitement à UBS dont le cours de l’action a mieux évolué depuis son retrait partiel du fixed income que celui de Credit Suisse. Cependant, il reste difficile de savoir combien d’emplois seront concernés.
En outre, la banque d’investissement sera divisée entre d’un côté le conseil et de l’autre les marchés de capitaux. Une mesure similaire a été annoncée ce week-end par Deutsche Bank. De cette façon, les activités à forte densité capitalistique, tels que le fixed income, seront séparées des activités à forte densité de capital telles que les M&A.
Gagnant : l’Asie et les pays émergents avec 1.000 nouveaux emplois en gestion de patrimoine
Toutefois, Credit Suisse ne prévoit pas uniquement de supprimer des emplois. Pour preuve, 1.000 nouveaux emplois seront créés dans la gestion de patrimoine, principalement en Asie. Le renforcement de l’activité en Asie signifie aussi qu’il y aurait besoin d’environ 100 nouveaux emplois dans la gestion de patrimoine.
Gagnant : la conformité avec un nouveau poste de direction pour les spécialistes réglementation
L’importance croissante de la réglementation dans le business model des banques amène désormais des changements dans leur organigramme, comme l’atteste la nomination de Lara Warner comme responsable de la conformité et de la régulation au comité exécutif du groupe. A noter qu’une décision similaire a été prise chez Deutsche Bank ce week-end.