Vous voulez faire carrière dans la gestion d’actifs à l’international au sein d’une société de gestion française ? Cela tombe bien : les associations professionnelles veulent pousser la gestion française à l’international. L’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Association française de la gestion financière (AFG) ont ainsi annoncé le mois dernier le lancement d’un groupe de place innovant dont l’objectif sera de renforcer le positionnement de la gestion française à l’international et de lui permettre de bénéficier des meilleurs outils de distribution.
Baptisé FROG (French Routes & Opportunities Garden) et composé de professionnels représentatifs de la gestion financière, des infrastructures et des FinTech, il est destiné à accroître la visibilité et la distribution des fonds d’investissement français à l’étranger. Infrastructures, structures juridiques, évolution technologique : FROG (grenouille en anglais) devrait dévoiler ses recommandations l’été prochain.
« En proposant la mise en œuvre d’initiatives simples et concrètes, FROG doit permettre à la gestion française de renforcer sa compétitivité au niveau mondial et d’en faire un atout essentiel dans le financement de notre économie », indique Didier Le Menestrel, président de la commission Compétitivité de l’AFG, qui préside le comité de pilotage de FROG. « Les mutations actuelles liées à l’innovation sont des atouts qui aideront la gestion française à mettre en avant son excellence au-delà des frontières, dans un contexte où la régulation européenne est maintenant totalement harmonisée», souligne pour sa part Benoît de Juvigny, secrétaire général de l’AMF.
Des recrutements depuis l’étranger…
Une bonne nouvelle donc pour les sociétés de gestion implantées en France, d’autant plus qu’une majorité d’entre elles « voit aujourd’hui leur développement s’effectuer à l’international », rappelle Thierry Mageux, directeur du business development pour les secteurs banque/assurance chez Robert Half, en atteste les nombreux recrutements qui ont eu lieu depuis le début de l’année 2016. Pour ce faire, les sociétés de gestion françaises n’hésitent pas à attirer des pointures internationales dans leurs filets.
A l’instar de NewAlpha Asset Management qui, la semaine dernière, a annoncé l’arrivée de Driss Lamrani, ex-conseiller et adjoint au Chief Investment Strategist de GLG Partners et qui possède près de quinze ans d’expérience dans le secteur financier, au poste de Global Strategist, basé à Paris. « Son expérience permettra de créer de la valeur ajoutée pour nos investisseurs, qui bénéficieront des anticipations d’un stratégiste international éprouvé », se félicite Antoine Rolland, président de NewAlpha qui possède plusieurs lignes métiers dont une offre de mandats dédiée aux investisseurs institutionnels, notamment fonds de pension et compagnies d’assurance.
Parfois, ce sont même des équipes entières qui sont débauchées depuis l’étranger. Unigestion a ainsi annoncé en février le recrutement d’une équipe de gestion de fonds issue du groupe londonien de hedge funds Cube Capital et composée de Nick Linnane, gestionnaire, Chrysis Aristidou, analyste, et Faten Benali, en charge de l’administration du portefeuille. Enfin, les recrutements se font parfois directement sur place, sans forcément passer par la case France, comme chez Société Générale Securities Services (SGSS) qui a annoncé en janvier la nomination de Stephen Doyle, ex-responsable commercial Global Fund Services chez Northern Trust, en tant que Directeur commercial pour la clientèle gestionnaires d’actifs au Royaume-Uni et en Irlande.
…mais aussi dans le vivier de talents de l’Hexagone
Les acteurs de l’asset management puisent aussi dans les talents français. L’an dernier, Edmond de Rothschild Asset Management a ainsi renforcé ses effectifs londoniens grâce notamment au recrutement d’Agnès Belaish (ex-économiste au FMI) comme responsable de l’équipe dettes, ou bien de la nomination de Laurent Le Grin, jusqu’ici gérant Obligations Convertibles basé à Paris, qui lui aussi rejoint l’équipe londonienne.
En outre, il n’y a pas que les grosses structures qui recrutent des Français, et qui dit recrutement ne dit pas forcément expatriation. Dans le cadre du lancement d’un fonds d’actions internationales, Roche-Brune AM a annoncé fin janvier l’arrivée de Stéphane Fraenkel (ex-Oddo Securities et Flinvest) qui vient renforcer l’équipe de gestion, en appui du développement de sa stratégie actions déclinée sur 3 univers : Global, Européen et Zone Euro.
Enfin, si les sociétés de gestion françaises lorgnent vers l’international, l’inverse est aussi vrai : la société de gestion Russell Investments France a annoncé avoir effectué plusieurs recrutements pour appuyer le développement de son activité auprès des investisseurs institutionnels et de ses partenaires de distribution. « Ces recrutements, effectués tout au long de 2015, accompagnent la progression de notre activité sur le marché français auprès notamment des investisseurs institutionnels », explique Dominique Dorlipo, président de Russell Investments France. En termes de création d’emplois, on comprend donc là tout l’intérêt du projet FROG de l’AFG et de l’AMF.