La pression monte pour plus de 170.000 candidats inscrits partout dans le monde à l’examen du CFA (Chartered Financial Analyst) qui aura lieu en juin 2016. Si vous êtes candidats, vous avez quelques raisons d’être un peu stressé. Les taux de réussite sont inférieurs à 50% (42% pour le level 1, 46% pour le Level 2 et 53% for level 3 pour les 125 443 candidats qui ont passé l’examen en Juin 2015. Pour réussir, l’engagement et le planning d’étude est colossal. Dernière ligne droite pour les révisions avant le jour J – le samedi 4 juin pour les trois niveaux – et ses 6 heures d’examen.
Les dés sont-ils jetés ? Pas forcément. Des professionnels, étudiants, coachs, responsables du CFA Society France vous livrent quelques conseils précieux de dernière minute et offrent aussi l’opportunité aux financiers tentés par la session d’examen de décembre de mettre TOUTES les chances de leur côté. Ce qui, par la même occasion, permettra aux candidats de juin de jauger leur chance de réussite, environ 40% au vu des résultats des dernières sessions.
1 – Des révisions marathoniennes, pas de sprint, ni de raccourci !
Pour réussir l’examen du niveau I, il faut compter environ 300 heures de révisions.« Idéalement il est recommandé d’étaler sa préparation sur 6 mois, un travail régulier étant beaucoup plus efficace qu’un travail intense sur une courte période», souligne Mathieu Chausset, directeur des Programmes chez Top Finance, organisme spécialisé dans l’accompagnement des candidats au CFA
Pour ceux qui réfléchissent à passer le CFA, fin mai-début juin est une période propice pour commencer à réviser pour l’examen de décembre sans attendre ! « C’est même le meilleur moment pour se lancer car pendant l’été, c’est généralement plus calme au travail et sur les marchés. Ce qui permet de prendre un peu d’avance d’ici à la rentrée », assure Patricia Donnelly, une anglo-canadienne, responsable de l’accompagnement des candidats au sein de CFA Society France, aujourd’hui à la tête du département Consultant Services de BNP Paribas Investment Partners.
2 – Ne pas vous mentir, ne pas tricher avec soi-même
Le plus dur est de tenir sur la longueur. Six mois, c’est long. Il faut trouver son rythme de croisière et rester concentré. « Il est indispensable de mettre en place un plan de travail hebdomadaire qui s’adapte aux obligations professionnelles et familiales (10h par semaine). Par exemple n’hésitez pas à afficher ce planning chez vous pour que vos proches anticipent eux aussi cette nouvelle organisation » insiste Mathieu Chausset
Myriam Ferran, CFA, présidente de CFA Society France, insiste sur l’importance d’établir un planning de révision réaliste de bout en bout qui intègre ses contraintes personnelle. Elle conseille de planifier le temps de travail et les temps de repos, une fois le planning posé il faut s’y tenir car la deadline est fixe et non négociable. Comme pour les projets professionnels, il est important d’y inscrire un buffer pour pallier à l’imprévu.
« A titre d’exemple, je commençais le 2 janvier de chaque année avec trois phases distinctes. Je consacrais environ 15 semaines à la première lecture des livres et aux banques de questions pour une première assimilation du programme. Ensuite, je planifiais un break d’une semaine ou un long week-end mi-avril pour entamer une phase de 45 jours de révisions finales à base d’examens blancs et de reprise des concepts difficiles », explique-t-elle.
3 – Avoir une méthode, des outils et un rythme de travail qui marche pour VOUS
L’inscription au CFA vous donne accès aux supports pédagogiques nécessaires à vos révisions. Pour certains, cela va suffire alors que d’autres auront besoin d’une aide additionnelle (ouvrages de synthèse, organisme de préparation à l’examen, coaching, groupes de révision, forum online, vidéos, séminaires…). Si le coût est un problème, renseignez-vous auprès de votre employeur le cas échéant, certaines entreprises peuvent vous aider à financer une préparation à l’examen.
« La clé est de privilégier le format de révision qui a déjà fait ses preuves lors de vos études. Que ce soit travailler seul avec des livres et des vidéos, réviser en groupe ou bénéficier de cours, à vous de choisir la stratégie qui vous correspond », ajoute Mathieu Chausset
Pour rester motivé et concentré, Maxime Alazet, directeur commercial Grands Comptes chez La Financière de l’Echiquier, qui prépare l’examen Level III de Juin, nous donne les conseils suivants : « Le principal a toujours été, pour moi, de garder en tête les raisons de ma démarche, de prendre plaisir à élargir mes compétences et de penser aux perspectives professionnelles de la certification. Pour les coups durs, écouter “The Eyes of the Tiger” s’est avéré, à chaque fois, incroyablement efficace ! ».
4 – Savoir à quelle sauce vous serez mangé(e)
Réviser sans savoir comment l’on sera testé et noté, c’est un peu avancer à l’aveugle. Aussi, faîtes en sorte de vous familiariser avec le mode QCM (pour le niveau 1), le format des questions, le poids des différentes matières… Sachez que le CFA Society France organise deux réunions de présentation et d’aide à la préparation de l’examen en amont de chaque session. « Le volume de connaissances à maitriser et le format de l’examen sont les deux challenges du niveau 1, alors ne négligez pas les informations disponibles sur le site du CFA Institute pour mieux vous organiser », précise Mathieu Chausset.
De son côté, Patricia Donnelly conseille de revenir souvent – en particulier vers la fin des révisions – à la liste des ‘Learning Outcome Statements (LOS)’ « qui permettent de savoir si les apprentissages sont bien acquis. C’est quelque chose que l’on peut faire par exemple dans le métro simplement pour se rappeler exactement ce que l’on attend de vous le jour de l’examen ».
5 – S’entrainer, s’entrainer, et encore s’entrainer !
Connaître ses cours, ses définitions, ses formules ne suffit pas. Il faut pratiquer, encore et encore. Le CFA Institute et les organismes de formation privés proposent partout dans le monde des examens blancs (dans les conditions d’examen) et des banques de questions en ligne. « C’est essentiel de s’entrainer à répondre aux questions sans arrêt. Nous sommes à 4 semaines de l’examen, j’étudie tôt le matin en faisant des examens blancs de 3 heures puis je relis la correction le soir, après ma journée au bureau », explique José Estevez, Senior Business Analyst, candidat au niveau 2 de juin 2016 à Paris.
« Parfois le doute s’installe mais je donne tout jusqu’à la fin. Ma méthode est simple : c’est travailler tôt le matin (5:00-8:00Am) puis après le bureau pour la relecture et la correction en étant au calme. Je n’oublie jamais de lire l’Ethique pendant le déjeuner ! Cela a fonctionné pour le niveau 1, j’espère que cela fonctionnera pour le niveau 2 », poursuit-il.
6 – Pas d’impasse !
« Toutes les 10 matières sont importantes dans le niveau I du CFA », prévient Myriam Ferran. Toutes les questions du QCM sont équivalentes en termes de points. En revanche, certaines disciplines y sont plus représentées que d’autres. Mais il n’y a pas de piège : le poids des disciplines au regard des supports et du volume de travail correspond au poids des rubriques au sein de l’examen.
« Je suis candidat au niveau 3 pour l’examen de juin. Je ne fais aucune impasse à proprement parler », témoigne Tristan Buffet, consultant pour le cabinet Alpha FMC. « J’articule ma feuille de route de révision en prenant compte de mes points forts. J’ai une solide formation en économie et je m’autorise à réviser cette partie à la fin. Cela a fonctionné pour moi pour le niveau 1 et le niveau 2. Toutes les matières sont testées. Il est important de bien assimiler les nouveaux concepts sans faire d’impasse ».
7 – … Ce qui n’empêche pas d’avoir une stratégie !
Le “passing score” pour réussir l’examen – une formule évolutive et gardée secrète – est estimé à environ 70%. Toutes les matières peuvent se compenser entre elles. Aussi, il faut connaître ses forces et ses lacunes et en jouer. « Chaque question vaut le même nombre de point, il est donc primordial d’assurer le plus de bonnes réponses sur vos thèmes de prédilections, d’éviter toutes les fautes d’inattention et de ne pas négliger les questions ‘faciles’ sur les autres thèmes » recommande Mathieu Chausset.
« Lors de votre préparation il n’est pas possible de maitriser chaque matière complètement dès le début, vous devrez revenir régulièrement sur les sujets au fur et à mesure grâce aux exercices d’entrainement. Vous devez avoir couvert l’ensemble des 10 matières un mois avant l’examen, puis attaquer la phase des révisions finales ou vous devrez multiplier les examens blancs et les relectures de vos notes », conseille Mathieu Chausset.
De son coté, Tristan a bâti sa feuille de route sur le poids assigné à chaque matière dans le curriculum du programme du CFA Institute pour le niveau 1 et le niveau 2. Pour le niveau 3, il a préféré respecter l’ordre du curriculum car la matière la plus important « Wealth Planning » reprend tous les autres concepts. Enfin pour l’Ethical and Professional Standards et les notions relatives aux produits dérivés sont revus à la fin de la feuille de route car il est important pour lui d’avoir ces concepts « frais » pour l’examen.
Sur les petites matières où il n’y a pas beaucoup de cours, il conseille de ne rater aucun point à l’examen. C’est surtout vrai pour l’Ethical and Professional Standards, une matière spéciale car « une mauvaise note ici peut compromettre la réussite de votre examen si vous êtes à la limite du passing score, et à l’inverse le cas échéant vous permettre d’être repêché(e) », insiste Patricia Donnelly.
8 – Se mettre en mode « ZEN » à la fin des révisions
La plupart des candidats vont vouloir réviser énormément juste avant l’examen. Il faut faire attention à ne pas arriver à saturation. Mener une vie aussi saine que possible est une règle à suivre pendant toutes les révisions en particulier à la fin. « La période de révision finale est probablement la plus importante, c’est là ou vous construisez sur tout le travail déjà effectué et ou vous développez votre confiance pour le jour J. Il est important de prendre du recul et de réaliser que vous n’avez pas besoin d’un score parfait. Vous pouvez vous permettre de nombreuses erreurs (jusqu’à 72 erreurs) et réussir votre exam du niveau 1 », explique Mathieu Chausset.
Pour les professionnels en poste, « prendre une voire plusieurs demi-journée(s) peut aider à relâcher la pression et être mieux concentré sur ses révisions, surtout que certains employeurs accordent des jours pour la préparation de ce type d’examen », rappelle Patricia Donnelly. Le plus simple est surtout de ne pas prendre d’engagements hors du bureau. Et puis, ne dit-on pas que les marchés sont plus calmes avant l’examen du CFA, tant les professionnels des marchés sont nombreux à le passer ?
Enfin, ne perdez pas votre temps à essayer de deviner ou de parier sur les questions qui tomberont, ça n’a jamais aidé personne à réussir le CFA ni aucun autre examen d’ailleurs !
9 – Eviter de vous disqualifier le Jour J avec des trucs bêtes comme…
Le jour J approche. « Le pire n’est pas certain et en même temps n’attendez pas la dernière minute pour imprimer votre convocation, vérifier l’adresse du centre d’examen, vérifier l’état du trafic routier, la validité de votre passeport ainsi que l’état des piles de votre calculatrice. Personne n’a vraiment envie d’expliquer que tous ces efforts ont été anéanti par une imprimante ou une pile usée… et pourtant cela arrive… », indique Myriam Ferran.
« Lisez bien les consignes sur le site du CFA qui est intransigeant sur le type de matériels autorisés (crayons, calculette), sur le fait que les informations sur votre passeport correspondent bien à celles entrées à l’inscription. Une pile de rechange pour la calculette – qui tombe forcément en rade quand il ne faut pas – n’est pas forcément une mauvaise idée », indique Patricia Donnelly.
Enfin, cela va de soi, prévoyez large pour votre temps de transport, d’autant qu’il y a des centaines voire des milliers de personnes qui convergent vers le lieu de l’examen.
10 – Devant le QCM, votre meilleur ami ? Le bon sens.
Quelques dernières recommandations à garder en tête le jour de l’examen :
– Commencer par les questions les plus faciles
– Toujours répondre – même quand on ne sait pas ! On ne vous enlève pas de point si vous avez faux.
– Pour les questions les plus difficiles, devinez intelligemment, ce qui veut dire qu’il faut procéder par élimination.
– N’oubliez pas qu’il n’y a pas de piège : le choix le plus trivial est le bon.
– Ne paniquez pas ! Au pire, si c’est raté, ce sera le meilleur entraînement possible pour réussir à la prochaine session.