Si vous travaillez dans le secteur bancaire à Londres, le pire est arrivé : le Royaume-Uni quitte l’Union européenne. Comme le souligne le Financial Times, la City sera «profondément touchée ». Certains emplois bancaires existants sont susceptibles d’être relocalisés vers l’Europe continentale, et des emplois qui auraient pu être créés à Londres ne le seront pas.
Prenez Goldman Sachs. Lorsque le Royaume-Uni a rejoint l’Union européenne en 1973, la banque américaine n’était pas présente à la City. Le bureau londonien de Goldman a été créé vers 1986. En 1992, elle employait 1.200 personnes à Londres, et près de 5.500 aujourd’hui. Goldman est en train de terminer la construction d’un nouveau grand ensemble de bureaux à Farringdon (Londres) : un déménagement qui semble tout à coup incongru étant donné que la banque a déjà reconnu qu’elle ne pourrait pas « remplir tous les étages » si la Grande-Bretagne quittait l’UE, et aurait d’ores et déjà été «cartographier» les autres villes en Europe où elle pouvait délocaliser des emplois.
De la même façon, prenez J.P. Morgan. La banque américaine emploie 16.000 personnes à travers le Royaume-Uni répartis à Londres, Bournemouth et Glasgow, et a commencé à investir 28,6 millions de livres (37 millions d’euros) dans son bureau de Bournemouth en octobre 2015. A présent, cet investissement semble compromis: JP Morgan emploie 4.000 personnes à Bournemouth et son PDG Jamie Dimon a récemment indiqué que la banque n’aurait « pas d’autres choix que de réorganiser son business model » si la Grande-Bretagne quitte l’UE.
Pas que les banques impactées…
Surtout, il n’y a pas que les banques américaines qui sont susceptibles de reconsidérer leur présence à Londres. Ainsi, la banque britannique HSBC a indiqué qu’elle pourrait trasnférer ses emplois dans le trading vers Paris. Credit Suisse est déjà en train de déménager 30% de ses emplois lodndoniens – la plupart dans le back-office – mais pourrait maintenant être incité à déménager également les emplois de front office.
Qui plus est, le Brexit constitue clairement une mauvaise nouvelle pour 34.000 personnes à la recherche d’un emploi dans la finance londonienne et qui n’ont pas été en mesure d’en décrocher un. Surtout si ces personnes ne parlent que l’Anglais. C’est également une mauvaise nouvelle pour les cabinets de recrutement londoniens, qui se sont tournés les pouces pendant des mois et espéraient que les choses s’arrangeraient si la Grande-Bretagne avait voté pour rester en Europe.
Le Banker bashing a ses limites
Comme on pouvait s’y attendre, la plupart des gens qui travaillent dans la finance ont voté pour rester dans l’Union européenne. Le quartier londonien de Wandsworth, très populaire auprès des professionnels de la finance, a voté pour le Bremain à 75%. Cependant, l’impact négatif d’un Brexit sur la finance londonienne ne semble pas avoir été pris en compte dans les calculs de la plupart des électeurs sur la façon de voter.
Il peut y avoir une bonne raison pour cela, que des universitaires de Harvard ont démontré dans des recherches récentes : les gens prennent plaisir à infliger de la douleur aux banquiers. Ce plaisir pourrait cependant être atténuée du fait de l’effondrement de la livre et de la disparition à venir d’une proportion importante des impôts (66 milliards de livres, soit près de 86 milliards d’euros) payés par le secteur des services financiers britannique.