Fin des paris : c’est Donald Trump qui a gagné. Il n’y aura donc vraisemblablement pas de boom des recrutements en banque en 2017. Il n’y aura pas non plus de transition en douceur de l’ancien ordre mondial. La hausse des taux attendue pour novembre n’aura pas lieu. Ce mercredi matin, nous sommes dans un tout nouveau monde.
Si vous travaillez dans la finance, c’est plutôt mauvais signe. Mais il peut aussi y avoir des avantages…
La régulation va voler en éclats, ce qui pourrait être positif pour les emplois en finance
« Dodd-Frank a rendu impossible le travail des banquiers », a récemment déclaré Trump. « Il est très difficile pour les banquiers de prêter de l’argent aux gens pour créer des emplois, pour les entrepreneurs de créer des emplois. Et cela doit cesser ».
La plupart des financiers de New York à qui nous avons parlé sont en état de choc. « Je ne peux pas élever ma fille avec ce salopard comme président », indique l’un d’entre eux. « La seule bonne nouvelle est que cela permet d’écarter Elizabeth Warren ».
Les marchés vont plonger, ce qui créera des opportunités génératrices de revenus à court terme
La volatilité post-Brexit a été positive pour les banques. La volatilité post-Trump pourrait l’être tout autant. Aujoud’hui, les volumes de trading seront probablement plus élevés que tout ce que nous avons connu, étant donné que les investisseurs tentent de ‘pricer’ dans une nouvelle et inattendue configuration mondiale.
Plus tôt cette semaine, les stratèges de Barclays ont souligné que si les séismes électoraux étaient importants, c’était la croissance et la politique générale qui comptaient le plus. Bien qu’il puisse y avoir aujourd’hui des réactions démesurées face à la victoire de Trump, il y aura aussi des occassions de les contrer dans l’autre sens. A moyen terme, une grande partie du résultat dépendra de la promesse de Trump sur les mesures de relance budgétaire et sur le commerce mondial.
Oubliez les bonus, quittez le pays
Dans la configuration actuelle, parler des bonus est déplacé. Cela dit, si vous êtes un banquier basé à NYC ou à Londres, il est difficile de ne pas y penser, même furtivement. Ils vont être coupés. « Je ne veux plus travailler à New York », nous confie un gestionnaire de fonds senior. « Wall Street a vraiment été durement touchée. Déjà qu’il est difficile de trouver du travail qui permette d’y vivre décemment. Tout a une fin ».
Grâce à Trump, les banques pourraient obtenir ce qu’elles souhaitent, à savoir que toute une génération de managing directors et de fiannciers seniors jettent l’éponge. Les financiers juniors sont sur le point de vivre leur baptême de feu.
Les gérants de fonds passifs sont sur le point de morfler
Rappelez-vous des ETFs, rappelez-vous des trackers : soudainement, ils ne semblent plus avoir la cote. Une bonne gestion active des fonds, de bons stratèges, de bons analystes : voici ce qui compte.
Idem pour les gérants de fonds actions et les traders actions
« Une victoire de Clinton se traduirait théoriquement par un gain de 3-4% et une victoire de Trump par une perte de 10-11% », ont récemment indiqué des stratèges de Barclays. Les actions avaient déjà baissé pendant une semaine lors de la réouverture de l’enquête par le FBI sur les e-mails d’Hillary Clinton. Ce n’était rien par rapport à ce qui va se passer maintenant.
Suite à l’annonce du FBI sur les mails de Clinton, Barclays avait noté que les valeurs du secteur du bâtiment, des camions, de l’aérospatiale et de la défense avaient tous surperformés dans l’hypothèse accrue d’une victoire de Trump. Idem poour les secteurs miniers et du pétrole. A contrario, les valeurs du secteur de la santé, en particulier les hôpitaux, ont brutalement chuté.
Ce qui, compte-tenu du fait que les revenus tirés du trading actions tendent à suivre les marchés boursiers, ne semble pas idéal pour les divisions actions, déjà sous pression.
Les banquiers M&A et ECM pourraient souffrir eux aussi
Il n’y a rien de pire que l’incertitude. Si Hillary Clinton avait été élue, il aurait pu y avoir une reprise en forme de V, indiquent les analystes de Barclays. Eh bien, ce ne sera pas le cas. « Si la rhétorique post-électorale de Trump est axée sur la négativité, les investisseurs et les entreprises sont susceptibles de perdre confiance », indiquent les analystes de Barclays. Les dissensions au sein du parti républicain soulèveraient également des inquiétudes, surtout si les mesures de relance budgétaire n’étaient pas adoptées. La nomination des membres du cabinet de Trump donnera le ton.
D’autre part, un message positif de Trump et plus largement du parti républicain sur des baisses d’impôts et une augmentation des dépenses verraient probablement les actions remonter la pente comme c’est le cas dans le cadre d’un programme conservateur plus traditionnel.
Les modèles de gestion des risques vont être testés
La gestion du risque est de retour. Tout au long de l’année, les banques ont renforcé leurs modèles de risques. A présent, nous saurons si elles l’ont fait à bon escient. Comme l’a souligné Deutsche Bank, une victoire de Trump « représenterait un nouveau paradigme pour les marchés obligataires ».
Les traders des marchés émergents pourraient en pâtir
Vous êtes un trader ou un gestionnaire de fonds sur les marchés émergents ? Pas de chance. Ce n’est sans doute pas le meilleur moment pour travailler pour une banque américaine en Asie. Goldman Sachs y a déjà réduit la voilure. Attendez-vous à une plus grande place accordée aux marchés domestiques en difficulté des banques américaines.
Les actions des banques pourraient souffrir, ainsi que tous les bonus différés
Barclays a noté que les valeurs financières ont surperformé dans l’espoir d’une victoire d’Hillary Clinton et d’une baisse des taux par la Réserve fédérale en décembre. Cela n’arrivera pas.
Bernstein Research note que la non-augmentation des taux n’est pas la seule chose qui pèsera sur les banques. Viennent s’y ajouter l’incertitude et la baisse probable des revenus des banques. Les banques dont le bilan est illiquide vont souffrir. Le capital va être plus difficile à lever. Ce n’est pas le bon moment de travailler chez Deutsche Bank. Parmi les banques européennes, Bernstein fait remarquer que Credit Suisse, Barclays et UBS sont toutes très exposées aux revenus des banques d’investissement américaines et risquent d’être les plus impactées.
À long terme, une détente dans la réglementation bancaire américaine pourrait offrir un peu de répit.
Les banques privées dans la tourmente
Lorsque les marchés deviennent volatils, les grosses fortunes se montrent prudentes. Bernstein souligne que ce sont de mauvaises nouvelles pour les banques privées. Ce pourrait être encore pire pour les banques privées qui se concentrent sur les marchés émergents comme par exemple Credit Suisse en Asie.
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