Paris tente de mettre le turbo pour booster son attractivité afin d’attirer les banques de la City dans le sillage du Brexit. Pour ce faire, Defacto, l’établissement public de La Défense, prévoit de construire 7 nouvelles tours d’ici 2021. Elles abriteront quelques 375.000 mètres carrés de bureaux, soit l’équivalent de la taille de 50 terrains de football, révèle le Financial Times. Paris veut « envoyer un message fort aux entreprises incertaines de leur futur à Londres », a déclaré Marie-Cécile Guillaume, directrice générale de Defacto au quotidien britannique.
Sur les deux prochaines années, la capitale française va déjà devoir accueillir quelques 500 banquiers en provenance de la banque britannique HSBC. A l’occasion de la présentation de ses résultats annuels ce mardi, son directeur général Stuart Gulliver a annoncé que plus de la moitié du millier d’emplois que HSBC s’apprête à déplacer de Londres à Paris concerneraient… des Français.
Les arrivées de banquiers de la City pourraient se multiplier dans le cas où d’autres établissements financiers feraient eux aussi le choix d’installer tout ou partie de leurs équipes à Paris. Cette semaine, le Daily Telegraph a indiqué que l’Université d’Oxford envisagerait même d’ouvrir un campus à Paris pour s’assurer de recevoir le financement de l’UE, mais la principale intéressée a aussitôt démenti l’information.
L’opération séduction se poursuit…
Après la visite à Londres début février d’une délégation de représentants de la Place financière de Paris pour présenter à près de 80 responsables d’institutions financières les stratégies gagnantes que pourrait leur offrir la Place de Paris s’ils décidaient de rester présents dans l’Union européenne post-Brexit, c’est Emmanuel Macron, candidat d’En marche ! à la présidentielle, qui s’est rendu cette semaine dans la capitale britannique pour exhorter les Français vivant outre-Manche à venir entreprendre en France.
« Je veux les banques, les talents, les chercheurs, les universitaires » a clamé haut et fort l’ex-banquier de chez Rothschild devant un parterre de 2.000 personnes. Celui qui fait partie des trois financiers parmi les 50 personnalités françaises les plus influentes dans le monde indique que s’il était élu, sa politique inclurait une série d’initiatives pour accueillir les talents expatriés à Londres dans la recherche et de nombreux autres secteurs.
En effet, il n’y a pas que les banquiers qui sont ciblés. Paris entend bien marquer des points dans la bataille des sièges sociaux des grandes entreprises et des nombreux professionnels de la finance d’entreprise qui y travaillent : directeurs financiers, contrôleurs internes et auditeurs financiers, cash managers, credit managers et professionnels Tax International pour ne citer qu’eux.
A noter que le site Internet Welcome to France – Helping you to settle in, qui permet d’informer et d’orienter les talents étrangers et leur famille dans leurs démarches d’expatriation en France, devait être lancé officiellement ce jeudi dans les locaux parisiens de Business France.
… car la concurrence est rude
Plusieurs places financières, dont Paris, mais aussi Francfort, Luxembourg, Amsterdam ou encore Dublin, cherchent à attirer une partie de ces transferts. D’ores et déjà, Francfort semble avoir pris une longueur d’avance sur Paris pour attirer les desks de trading. Goldman Sachs et Citi ont confirmé cette semaine qu’elles transféreraient bien des traders et vendeurs vers Francfort qui pourrait ainsi devenir le hub européen du trading.
Enfin, Paris semble plutôt mal partie pour devenir la capitale européenne de l’assurance. « La France ne rassure pas », confirme un assureur de la City, cité par L’Argus de l’assurance. Les institutions financières londoniennes reprocheraient principalement à l’Hexagone son instabilité fiscale. Et les incertitudes sur l’issue des élections présidentielles à venir auraient fini de rebuter les éventuels postulants qu’il pouvait rester. « Si cela se confirmait, ce serait terrible. Nous aurions perdu une bataille qui n’était pas perdable ! Le Brexit représentait une opportunité historique », lâche-t-on, amer, dans les couloirs de la Fédération française de l’assurance (FFA).
Dès lors, on comprend mieux l’intérêt du plus grand et du plus ancien quartier d’affaires européen de tenter de reprendre la main en annonçant le lancement de travaux pharaoniques dont la superficie se mesure en terrains de football. Le prix à payer pour rester en tête de la Ligue 1 des places financières…
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Crédit photo : Copyright Allfortof 2013 / gettyimages
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