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Pourquoi tant de juniors quittent la banque d’investissement au bout de deux ans…

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Dans environ deux mois, les stagiaires de la promo 2018 débarqueront dans les banques d’investissement. Ayant vu au cours de ma carrière bancaire défiler de nombreuses promotions de stagiaires, je peux déjà vous dire à quoi ressemblera la prochaine promo : les stagiaires seront enthousiastes. Ils se présenteront, trouveront leurs managers sur LinkedIn et twitteront toutes sortes de choses enthousiastes sur leur expérience, accompagnées de hashtags comme #banking, #wallstreet, #finance et ainsi de suite.

Vingt-quatre mois plus tard, tout aura radicalement changé. Ces stagiaires aux visages étincelants, qui auront fini par réussir à décrocher une offre à plein temps, arboreront sur leurs visages un teint cireux et auront l’apparence négligée de marins revenant d’une longue traversée semée d’embûches. Je le sais pour l’avoir souvent vu.

Jadis, les banquiers juniors partaient au bout de deux ans d’expérience pour faire un MBA. Cela est devenu moins courant depuis que Goldman a mis fin en 2012 à son programme d’analysts de deux ans, ce qui a permis aux stagiaires de rester plus longtemps. Néanmoins, j’observe dans les autres banques que beaucoup de gens partent au bout de deux ans. Pourquoi cela ? La raison est simplement que le travail qu’ils font n’est pas celui auquel ils s’attendaient. C’est une sorte de leurre : vous êtes attiré par la promesse d’une chose; vous obtenez autre chose.

La banque est une industrie où, en tant que junior, vous devez aspirer à aller de l’avant. Si vous rejoignez la salle des marchés, vous devrez effectuer des tâches subalternes comme préparer le petit-déjeuner ou ramener le déjeuner aux clients. Si vous êtes en corporate finance, vous devrez prouver votre dévouement en arrivant le premier et partant le dernier. Vous pensiez travailler en front-office et vous vous retrouvez dans une fonction de support….

Ensuite, il y a la technologie. Les banques dépensent des milliards en technologie, mais cela ne signifie pas qu’elles soient en avance. Beaucoup d’entre elles utilisent encore des logiciels que d’autres industries n’ont pas utilisés depuis des lustres et les juniors sont consternés. Ils viennent en s’attendant à quelque chose de spécial sans penser que ce puisse être des téléphones à cadran !

Il faut du temps pour que le vernis s’écaille, mais à mesure que les juniors se rendent compte que le poste n’est pas celui qu’ils attendaient, ils commencent à paniquer. Les emplois de vente et de trading dans la division titre d’une banque d’investissement ne sont pas une bonne préparation pour faire carrière dans d’autres industries; si vous restez trop longtemps vous serez coincé. Alors que cette prise de conscience s’installe, les juniors commencent à regarder furtivement les managers dans l’espoir d’obtenir des conseils directs. S’ils pensent que vous êtes réceptifs, ils partageront leurs préoccupations concernant l’avenir: la plupart du temps, ils veulent partir et faire quelque chose de radicalement différent.

Quoi donc ? Si vous êtes dans le corporate finance, il y a toujours le private equity, mais il est presque impossible d’y accéder et les emplois de PE impliquent eux aussi de plus en plus de savoir jongler avec les feuilles de calcul comme dans les banques. Il y a les fintechs, mais le salaire est mauvais et le futur incertain. Il y a le conseil. Et puis il y a tout le reste. J’ai vu des gens ouvrir des restaurants et des fastfoods. J’ai vu aussi des juniors issus de familles fortunées faire le tour du monde puis revenir passer un Master et retourner dans le secteur bancaire une fois leurs rêves assouvis.

Ce qui pour les banques est problématique. Elles consacrent beaucoup d’argent à recruter et à former ces jeunes, et le fait qu’ils ne restent que deux ans n’est pas un bon rendement pour cet investissement. Les banques ont besoin de juniors qui restent. Collectivement, les jeunes sont en position de force pour réclamer des changements, exiger un travail plus intéressant et des horaires plus souples. Si une forte proportion d’entre eux s’en va au bout de deux ans, le changement n’aura jamais lieu : les banques se contenteront de recruter une nouvelle cohorte de diplômés et le processus recommencera – comme ce sera le cas lorsque les stagiaires de la promo 2018 débarqueront en juin prochain.

Sam Birkhead est le pseudonyme d’un VP d’une banque d’investissement américaine.


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