Si vous êtes jeune et avez fait de brillantes études, vous pensez que toutes les portes vous sont ouvertes. Pour beaucoup d’étudiants et de banquiers d’investissement juniors, cela signifie partir et créer sa propre entreprise.
Vous admirez Evan Spiegel et Mark Zuckerberg et une petite voix intérieure vous dit que vous devriez suivre leurs pas. D’autant plus que c’est aujourd’hui le moment idéal pour se lancer : vous pouvez être votre propre patron, le coût d’opportunité étant plus bas que jamais, la valorisation illimitée et qu’importe les risques d’échec : tout est question d’apprentissage.
Ce sont en fait de très mauvaises raisons pour démarrer une entreprise. Vous êtes voué à l’échec si vous montez une entreprise juste pour le plaisir de le faire. Ne montez pas une entreprise si vous n’y croyez pas. Vous devez avoir foi en elle.
Avant de commencer dans la banque, j’ai passé 6 mois à Hong Kong à essayer de monter ma boîte de vente de champagne à des concessionnaires automobiles. J’ai pris beaucoup de plaisir à concevoir le business plan et rêvais de connaître le succès grâce à un bon retour sur investissement.
Mais la réalité était plus proche de celle d’un vendeur faisant péniblement du porte-à-porte. Cette expérience m’a permis de mieux apprécier les avantages offerts par le secteur financier. Si vous avez des doutes sur le démarrage de votre propre entreprise, mon conseil est de rester dans la banque.
Vous bénéficierez de l’une des meilleures formations au monde, gagnerez confiance dans votre capacité à lever et investir des capitaux, et valoriserez votre CV. Si vous tenez coûte que coûte à montrer votre bussiness par la suite, ces quelques années dans la banque constitueront un atout inestimable.
Les stagiaires et les analystes juniors en banque d’investissement se plaignent d’être le dernier maillon de la chaîne alimentaire. Pourtant, ce qu’ils font est directement lié au cœur du métier, et ils n’ont jamais à s’inquiéter d’avoir à tenir un bilan comptable ni à gérer des retards de paiement comme ce serait le cas s’ils travaillaient dans une start-up
Au-delà, vous réaliserez rapidement que la banque est un lieu idéal. Dans les M&A, votre travail consiste à conseiller les dirigeants sur leurs enjeux les plus stratégiques. Il s’agit d’un travail d’équipe, alors ne vous attendez pas à conseiller directement le PDG, mais vous serez la clé pour la mise en œuvre et l’articulation de l’ensemble. Le métier vous place au cœur des grandes transactions transformatrices et vous permet de comprendre la dynamique de négociation et le processus de due diligence. Vous gagnerez également des compétences en matière de modélisation et de valorisation financières et connaîtrez l’industrie et le produit de l’intérieur.
À plus long terme, une carrière dans la banque est également attrayante. Je me souviens d’un entretien avec un VP senior qui comparait son job à un bon vin qui ne fait que se bonifier à mesure qu’il vieillit. Jusqu ‘à présent, j’ai pour ma part apprécié chaque gorgée de celui-ci, et je peux également constater comment il se conserve de mieux en mieux. J’apprécie que le travail change tous les deux ans au fil de votre évolution dans la hiérarchie, depuis le rang d’analyst à celui d’associate, vice-president, director puis managing director. A chaque nouvelle étape surgissent de nouveaux challenges passionnants.
Enfin, autre grand avantage du job : les gens avec qui vous travaillez et ce que vous pouvez apprendre à leur contact. Fondamentalement, si vous démarrez votre business, vous devez être le type le plus brillant de l’auditoire, ce qui ne va pas de soi quand vous venez d’être diplômé. Lorsque vous rejoignez la banque, la logique est différente : vous partez de zéro et allez progresser via une courbe d’apprentissage abrupte. Et cela marche dans les deux sens : l’une des choses que j’apprécie le plus dans ce job est de partager des conseils et des best practices avec les stagiaires et les nouveaux analysts afin de les aider à travailler plus vite et mieux.
Diplômé de l’Essec, Charles Bocquentin a complété sa formation à la Fudan Unisersity et la Berkeley Haas School of Business. Il a essayé de créer une entreprise à Hong Kong avant de se rendre compte qu’il était davantage attiré par la modélisation DCF. Il s’est ensuite orienté vers les M&A et a travaillé chez Lazard Paris, RBC Londres, et SocGen Londres et New York. En attente de renouvellement de son visa de travail, il consacre son temps à partager des conseils sur l’industrie de la banque d’investissement et à donner des cours en ligne de modélisation financière (plus d’info ici).
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Crédit photo : gettyimages
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