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Voici ce qui signerait vraiment l’arrêt de mort de la place financière luxembourgeoise

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Il y a comme un malaise qui règne sur la place financière luxembourgeoise depuis les propos de son ministre des Finances Luc Frieden, ministre des Finances dans le Frankfurter Allgemeinen Sonntagszeitung de dimanche.  

Frieden a promis « plus de transparence », et « une plus grande coopération avec les administrations fiscales des autres pays » pour freiner l’évasion fiscale en Europe. Au-delà du discours d’assouplissement du secret bancaire, les financiers Luxembourgeois craignent une fragilisation du cadre fiscal et légal de la place, qui permet pourtant d’attirer pléthore de sièges de multinationales. Signe que le vent tourne : les géants de l’Internet comme Google et Apple, installés au Grand-Duché pour réduire leurs taxes en Europe, se sont vus récemment épinglés publiquement par plusieurs Etats européens dont la Grande-Bretagne et la France, pour fraude fiscale.

Des milliers d’emplois seraient sur la sellette

« L’harmonisation fiscale est un vrai danger pour le futur de notre place financière. Le Luxembourg s’est fait le spécialiste des solutions et des montages fiscaux, ce qui nous permet d’attirer la plupart des grands groupes  ici. Si le cadre fiscal est remis en cause, ce sont des milliers et des milliers d’emplois qui disparaitront dans les banques, les fiduciaires, les cabinets d’avocats, les cabinets d’audit et de fiscalité », craint Pascal Meier, fondateur et managing partner du cabinet de chasse Edouard Franklin, spécialisé en banque privée.

Et la pression risque de ne pas redescendre de sitôt sur le Luxembourg dans un environnement soudainement tendu par le sauvetage controversé de Chypre par l’UE, l’affaire Cahuzac en France, et l’enquête OffshoreLeaks.

En outre, la place financière est confrontée à des changements rapides et profonds dans le secteur de la banque privée, qui constitue le deuxième grand pilier de la place financière, le troisième étant son industrie des fonds d’investissements, la seule qui n’est pas véritablement menacée.

L’éditorialiste du journal Luxembourgeois Le Quotidien Olivier Landini rappelait que « cela fait désormais trois ans que le gouvernement luxembourgeois se dirige vers un assouplissement toujours plus accru de son secret bancaire ».

Et  l’Association des banques et banquiers du Luxembourg (ABBL) d’abonder dans ce sens : « Le secret bancaire pour les clients non-résidents n’existe plus depuis 2009 », nous a-t-elle indiqué en réaction au propos de Luc Frieden. Elle s’est dite toutefois « opposée à l’introduction d’un échange automatique d’informations qui va à l’encontre des principes du marché unique. Il désavantage les activités financières transfrontalières ».

Le marché de l’emploi en banque privée bousculé

Côté emploi, les conséquences sur les banquiers privés se sont de toute manière déjà fait sentir. « L’énorme travail de régularisation de la clientèle offshore réalisé depuis deux ans, et qui devrait se finaliser fin 2013-début 2014, a conduit à une nette baisse du volume des emplois dans le secteur de la banque privée », nous confie Pascal Meier, fondateur et managing partner du cabinet de chasse Edouard Franklin, spécialisé en banque privée. « Sur la soixantaine de banques privées au Luxembourg, seules 25 à 30 d’entre elles sauront s’adapter à la nouvelle donne, les autres disparaîtront », table ce chasseur.

Ce choc a été néanmoins compensé par la montée en puissance des métiers liés à la réglementation en raison de la pression croissante du régulateur luxembourgeois, la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF). Aussi les risk managers, les auditeurs internes, les compliance officers constituent la majorité des profils recrutés par les cabinets de recrutement en finance au Grand-duché. Ces expertises constituent 70% des embauches réalisées par le cabinet Edouard Franklin.

Dans le même temps, la mutation du business des banques privées est en marche. Les établissement ont délaissé la clientèle dite des “dentistes belges” (les petites fortunes) pour cibler les  ”high-net-worth individuals” (HNWI) dotés d’un patrimoine entre 5 et 20 millions d’euros et au-delà.

Fort développement des family offices et de l’ingénierie fiscale

Cette nouvelle orientation a ainsi conduit à une « augmentation des embauches de profils à haute valeur ajoutés issus de l’ingénierie fiscale et financière pas seulement dans les banques privées mais aussi au sein des fiduciaires et des cabinets d’avocats. Les family offices et le secteur de l’assurance vie connaissent également un fort développement », explique Pascal Meier. « Nous devons aussi désormais attirer des banquiers étrangers, notamment français, suisses, allemands, dotés d’un portefeuille transférable d’importants clients, attirés cette fois non plus par le secret bancaire mais par le cadre et les montages fiscaux à disposition des entreprises et de leurs dirigeants », assure ce chasseur de têtes.

Mais jusqu’à quand le Luxembourg pourra-t-il attirer des entreprises et des financiers si la place ne peut progressivement plus jouer la seule véritable carte qui lui reste, la carte fiscale ?

Le Grand-Duché a une qualité que d’autres places financières n’ont pas : il a su montrer qu’il était capable de s’adapter. La preuve par les chiffres : si depuis 2008, les plans sociaux au Luxembourg ont supprimé plus de 2000 emplois dans le secteur bancaire, selon les derniers chiffres collectés par l’Association Luxembourgeoise des employés de banque et assurance (ALEBA), la place financière a su gagner 1.500 nouveaux emplois au total entre décembre 2008 et fin 2012 , soit 44.000 emplois au dernier recensement annuel de la CSSF.



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