Chaque année, le mois de mai offre en France sa litanie de jours fériés et autres “ponts”, concept français par excellence. 2013 est cependant une année spéciale à plusieurs titres : quatre jours fériés en l’espace d’un seul mois (1er, 8, 9 et 20 mai) – tous des jours ouvrables ; le 8 mai (anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale) et l’Ascension (9 mai) tombent exceptionnellement côte-à-côte ; et cerise sur le gâteau, les vacances scolaires du printemps pour les parisiens tombent les deux premières semaines de mai.
Bonne introduction aux vacances d’été
Ce mois de mai aux multiples possibilités de ponts – et de congés quasi imposés – est-il un problème pour les banquiers français ? Pas franchement. « Tout le monde prend la chose de manière assez cool, que ce soit au sein de notre équipe ou nos clients, qui eux aussi en profitent pour faire un break », nous confie une collaboratrice d’un fonds Infrastructure à Paris.
De fait, cette petite équipe parisienne, où chacun sera absent du bureau au moins quelques jours au cours des 2 prochaines semaines, voit plutôt cette période d’un bon œil. « Cette année, ça tombe finalement très bien tout car les ponts et les vacances sont concentrés sur la même période, juge cette professionnelle, qui a booké très en avance ses vacances la semaine du 8 et 9 mai. Il ne va de toute façon rien se passer sur le business entre le 1er et le 10 mai », assure-t-elle.
Le revers de la médaille ? Pour rattraper cette quiétude annoncée, les banquiers français sont condamnés à leur retour de congés à passer de longues heures au bureau… avant de repartir bientôt 3 semaines en été ! « En juin, ça va être carrément l’horreur, il va falloir boucler les dossiers avant l’été et aussi en originer d’autres pour ne pas se retrouver sans rien à la rentrée de septembre », témoigne cette banquière.
Une autre “trêve des confiseurs”
Côté business, les financiers français, malgré tout, ne sont pas très inquiets. « RAS. Nous sommes organisés pour évidement pouvoir servir nos clients normalement, nous répond Yves Choueifaty, à la tête de Tobam, l’une des sociétés de gestion parisiennes les plus innovantes et les plus prometteuses du moment. Cet entrepreneur qui dirige une équipe de 18 personnes a profité de cette semaine du 1er mai pour partir en vacances, loin. « Avec les moyens de communications actuels, je suis au bord de l’océan indien et il m’a fallu 6 minutes pour vous répondre », nous rétorque-t-il par email.
Le fait que la fête du travail est chômée dans de nombreuses places financières, y compris Singapour (mais à l’exception notable de La City et de Wall Street) aide probablement un peu les banquiers français à déculpabiliser. Encore faut-il qu’ils se sentent fautifs.
Un banquier d’une grande banque d’investissement française témoigne, sans tabou : « Nous avons au moins quatre bonnes raisons de faire un break : 1 – l’activité est très calme dans le contexte actuel de crise ; 2 – les réorganisations en cours créent un immobilisme certain en interne ; 3 – nous avons été – bien – payés cette année, nos bonus versés ; 4 – enfin, l’hiver a été exécrable et très long, on mérite de goûter au joie du printemps ! », conclut ce banquier qui travaille dans les financements. Bref, comme un avant-goût des longues vacances d’été…
Et il met au défi tous ceux tentés de prendre un rendez-vous avec un banquier d’investissement pendant cette quinzaine : « C’est mission quasi-impossible ! C’est un peu comme la “trève des confiseurs” entre Noël et le jour de l’an », s’amuse-t-il.
Loin des Danois, recordmen en Europe des jours non travaillés
Aussi, on ne s’étonne plus guère de voir la presse française se délecter des dossiers sur le thème “Les Français sont-ils paresseux ?“, Une du magazine Le Point de la semaine dernière (et sujet déjà traité sous ce même titre par l’hebdomadaire en janvier 2011). Un sujet marronnier pour la presse française donc.
Les chiffres bruts montrent pourtant que les Français ne figurent pas nécessairement parmi les moins travailleurs en Europe. Selon une étude Mercer de 2009, la France comptait au total 36 jours de jours non travaillés par an, tout comme le Royaume-Uni, et en comparaison avec contre 38 en Suède, 39 en Allemagne et en Italie, et 41 au Danemark. Les Belges, avec seulement 30 jours non travaillés, apparaissent comme les Européens les plus assidus au travail.
