Après une carrière en banque d’affaires à la City, Magali McIntyre, diplômée de l’ESSEC et ancien membre de jury d’admission vient de créer Route in, une plate-forme en ligne qui connecte les candidats avec des professionnels expérimentés qui sont passés par les mêmes processus de sélection. En un clic les candidats peuvent ainsi demander un entretien avec un consultant en stratégie à Dubai, un professionnel d’un fond d’investissement à Hong-Kong ou un directeur en fusions-acquisitions à New York… Le site traite également des entretiens pour intégrer les grandes écoles.
eFC : Vous dites qu’il est de plus en plus difficile pour les candidats ambitieux mais sans réseau d’obtenir la place qu’ils méritent. Cela concerne-t-il tous les secteurs de l’industrie financière ?
Magali McIntyre : Plus le secteur est prestigieux et convoité, plus il est essentiel de le connaître dans ses moindres détails pour avoir une chance de l’intégrer. Les candidats avec les meilleurs réseaux auront pu parler à un professionnel en poste et sauront faire la différence en entretien par leur connaissance de l’entreprise, des réels enjeux du secteur et par leur compréhension précise du rôle pour lequel ils postulent. Nous avons créé Route in pour donner à chacun une chance d’avoir accès à ces informations.
Vous déplorez avoir vu trop de candidats échouer à l’épreuve de l’entretien parce qu’ils n’avaient jamais eu un avis qualifié et honnête sur leur prestation. Quel conseil leur donner à ce sujet ?
L’entretien est un exercice qui se prépare. Il y a bien sûr une technique à acquérir mais il faut savoir adapter sa prestation à chaque poste. C’est pourquoi il ne faut pas se limiter aux simulations d’entretien avec des amis ou des coachs généralistes ni aux conseils que l’on trouve sur Internet. Le but final n’est pas d’apparaître comme un bon candidat mais comme le bon candidat pour le poste convoité.
Professionnels expérimentés, alumni, coachs : qui sont les plus à même de fournir des conseils aux candidats en finance en fonction des différentes phases du processus de sélection ?
Chacun a son rôle. Les alumni sont de précieux alliés lorsque l’on a rejoint une entreprise ou en amont pour soutenir une candidature mais ils n’ont ni la vocation ni la disponibilité nécessaire pour préparer des dizaines de candidats. Les coachs eux sont là pour rappeler les techniques d’entretiens, comment construire une histoire, les écueils à éviter.
Parler à des professionnels expérimentés est souvent la dernière étape du processus de préparation et à mon sens celle qui fait la différence. D’autant plus que jusqu’à présent avoir l’attention d’un professionnel expérimenté de ces métiers convoités, qui a lui-même fait passer des dizaines d’entretiens et qui peut partager sa précieuse expérience, était réservé aux happy few.
Quelles sont les questions les plus fréquentes que se posent les candidats ? Observe-t-on des différences selon le secteur dans lequel ils postulent ?
« Pourquoi ai-je été recalé lors de mon dernier entretien ? » Les candidats qui ont échoué au cours de processus de recrutement dans le passé mais qui n’ont reçu aucun feedback leur permettant de s’améliorer craignent que l’histoire ne se répète.
« Comment sortir du lot ? » Les étudiants sortant de grandes écoles ont souvent des parcours relativement similaires, démontrer lors de leur entretien des recherches et une préparation approfondie les aide à se faire remarquer. « Je m’intéresse à tel secteur, quelle équipe et quel rôle me conviendrait le mieux ? » « Je veux être à tel poste dans 5 ans, quel est le meilleurs parcours pour y parvenir ? Aurais-je besoin d’un MBA ?»
Les questions sont relativement similaires d’une industrie à une autre. Les véritables différences viennent du niveau d’expérience des candidats. Un préparationnaire admissible à une grande école se concentrera sur la technique d’entretien alors qu’un jeune professionnel en fusions-acquisitions qui cherche à intégrer un fonds d’investissement s’interrogera sur la structure des équipes, la culture d’entreprise et le déroulement du processus de recrutement.
En quoi les entretiens d’embauche se différencient-ils des entretiens d’entrées aux grandes écoles ou MBA? Quelles sont les questions les plus fréquemment posées et les réponses attendues/appréciées des jurys.
Les entretiens d’entrées aux grandes écoles ou MBA ont pour but de confirmer si le profil du candidat correspond à ceux que l’école recherche. Les critères sont très clairs et objectifs. Lors d’un entretien d’embauche l’examinateur cherche à déterminer s’il a envie de travailler avec vous pendant les prochaines années et si vous aiderez l’entreprise dans son développement. L’exercice est donc plus complexe et il essentiel d’établir une connexion.
Pour les jurys d’admissions, chaque école et chaque intervieweur posera des questions spécifiques mais il est très probable que le jury commence par vous demander de vous présenter et finisse pas vous demander si vous avez des questions pour eux. Il est essentiel d’avoir préparé ces deux questions. Si la réponse à la première question vous vient naturellement, cela vous permettra en ce début d’entretien de vous concentrer sur la forme plus que sur le fond et d’observer votre jury pour apprendre à les connaître. Pour préparer la dernière question, je vous conseille d’aller voir la composition de votre jury dès qu’il sera affiché à l’extérieur de la salle d’entretien et de faire une recherche rapide sur Internet.
Essayez d’avoir une question en tête pour chaque membre du jury et à la fin de l’entretien posez votre question au membre du jury qui semble le plus dubitatif.
