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Rentrer en France ou rester à South Kensington : le dilemme des banquiers expatriés à Londres

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Vue de l’autre côté de la Manche, la France n’apparaît pas au mieux de sa forme ! Michael Hintze, fondateur du hedge fund CQS considère ainsi  que les récents incidents du Trocadéro sont précurseurs d’une agitation sociale à venir. Un rapport du Pew Research Center constate de son côté que les Français détiennent le record de morosité chez les européens, 91% d’entre eux considérant que leur économie se porte mal. Quant à BNP Paribas, elle fait tout son possible pour tenter d’éviter des suppressions de postes face à des revenus en forte baisse dans sa banque d’investissement. Et le Washington Post de conclure que la France est en train de plonger dans un « abîme de tristesse ».

A contrario, les banquiers français expatriés à Londres se montrent résolument optimistes. « La plupart d’entre eux sont très heureux d’être ici et si certains sont rentrés chez eux, le gros des troupes compte bien rester ici longtemps », nous confie un banquier français reconverti en manager de hedge fund. Les financiers français expatriés à Londres gravitent autour du district de South Kensington, attirés par la présence du Lycée Français sur Cromwell Road. « Entre 15% et 25% de nos acheteurs sont Français. La plupart des biens immobiliers valent 3 millions de livres (3,5 millions d’euros). C’est la réalité du marché dans ce quartier plus que jamais courtisé par les clients français », explique William Hughes Ward, un ancien de Deutsche Bank devenu directeur des ventes au sein de l’agence immobilière Marsh & Parsons qui a pignon sur rue à Kensington.

Les Trois Oursons, une crèche bilingue dans les environs de Gloucester Terrace, confirme l’existence d’une « très longue liste d’attente » pour tous ceux désireux d’élever leur progéniture dans un environnement bilingue. « Les Français qui sollicitent nos crèches sont toujours aussi nombreux », rapporte Sophie Day, responsable de l’animation des plus petits.

En France, l’heure n’est pas à la fête…

Alexis Dognin, directeur chez le courtier français Newedge, note que la diaspora française à Londres a évolué et ne se replie plus dans South Kensington comme jadis. « Quand je suis arrivé à Londres en 1997, tout les Français vivaient à South Kensington. À présent, nous sommes nombreux à vivre ailleurs », précise Alexis Dognin qui pour sa part vit dans le sud de Londres sans préciser où exactement. « La plupart des Français résidant à Londres auraient besoin d’un élément de motivation important pour revenir en France où l’heure n’est pas vraiment à la fête. Et même si les politiques tentent bien de réparer les dégâts qui ont été commis, la confiance n’est plus là », poursuit-il.

L’épouse d’un banquier français qui vivait autrefois à Londres et est revenue en France lorsque son mari a perdu son emploi, confirme que les frenchies sont heureux de rester dans la City, à condition que le salaire suive. « Cela vaut le coup tant que votre mari gagne beaucoup d’argent, les banquiers français à Londres étant réputés pour être très dépensiers : en plus de leur propriété à South Kensington, ils possèdent une résidence secondaire dans le sud de la France et un chalet pour le ski. Bref, un train de vie onéreux qui ne leur permet pas d’économiser. Je vous laisse imaginer ce qui se passe quand ils se retrouvent au chômage… ».

Bruno Iskil et Fabrice Tourre, moutons noirs des banquiers français

Surtout que les Français n’ont pas une réputation de grands travailleurs au yeux de certains milieux américains. En février dernier, Maurice Taylor, CEO du fabricant de pneus Titan International, a accusé de paresse les employés d’une usine française. « Ils ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures », déplore-t-il dans une lettre adressée au ministre de l’industrie Arnaud Montebourg et publiée dans Les Echos.

Selon Alexis Dognin, cette version des habitudes françaises de travail est injuste. « Il est simpliste de dire que les Français ne travaillent pas. Si vous regardez les statistiques, la productivité horaire en France est meilleure que dans beaucoup d’autres pays développés », précise-t-il. Cependant, le gestionnaire de hedge fund français indique que son expérience du  secteur bancaire lui a permis de constater que les banquiers français étaient souvent en bas de la hiérarchie. « Si vous travaillez pour une banque américaine, vous croiserez beaucoup de Français à des postes juniors d’analystes quantitatifs, beaucoup moins à des postes de direction. Les Américains arrivent en tête, suivis par les Britanniques, les Italiens puis  les Français. En cas de plan de licenciement, les Français sont souvent les plus durement touchés », déplore t-il.

Les banques américaines démentent, soulignant la présence de banquiers français à de postes d’encadrement, comme par exemple la française Isabelle Ealet, co-responsable de la division titres chez Goldman Sachs, ou bien Isabelle Seillier qui a récemment quitté la France pour diriger depuis Londres le Financial Institutions Group de JPMorgan. Toutefois, c’est sans compter les traders français comme Bruno Iksil et Fabrice Tourre dont l’implication dans les scandales respectifs de JP Morgan et Goldman Sachs ont nui à la diaspora française de Londres et New York.

Un chasseur de têtes français spécialisé dans le placement de professionnels dans des fonctions de produits dérivés – un domaine traditionnellement dominé par les Français – indique que les financiers français vivent souvent à Londres à plein temps jusqu’à ce qu’ils atteignent des postes très élevés. « Tous les banquiers français, des juniors jusqu’aux vice-président, vivent à Londres, mais dès qu’ils touchent de gros bonus, ils rejoignent leurs familles restées à Paris et ne travaillent à la City que la semaine. 90% des français seniors que je connais le font. On les retrouve dans l’Eurostar le vendredi et samedi soir », constate-t-il.

Quand il travaillait au bureau d’investissement (Chief investment office, CIO) de JP Morgan, Bruni Iksil vivait à Londres du lundi au jeudi et travaillait à son domicile parisien le vendredi. Il est désormais revenu s’installer en France. Au fur et à mesure que les emplois se raréfient à Londres, d’autres banquiers français sont confrontés à un mouvement similaire. « Les gens restent à Londres dans l’espoir de décrocher un job, mais Kensington et Chelsea sont hors de prix quand vous n’avez aucun revenu. A Paris, vous pouvez au moins obtenir de bonnes allocations chômage ! », plaisante  le chasseur de têtes.



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