Marre d’entendre parler de plans sociaux, de gel des embauches et autres coupes budgétaires qui sévissent sur la place financière parisienne ? Le cas de l’Autorité du contrôle prudentiel (ACP) donnera certainement un peu de baume au cœur aux financiers déprimés. Cette autorité administrative indépendante adossée à la Banque de France et chargée du contrôle des banques et des organismes d’assurance a recruté plus de 200 personnes depuis sa création il y a 3 ans, selon son rapport annuel publié la semaine passée.
Encore 100 embauches en 2013
Et les embauches ne marqueront pas le pas cette année, ni en 2014, avec un objectif annuel affiché de 100 recrutements pour près de 1.100 employés à fin 2012. Ceci place le taux d’embauche de l’ACP à 11%, soit près deux fois plus que la moyenne des établissements du secteur bancaire l’an passé. Preuve que la supervision continue d’être un eldorado pour banquiers en mal d’emplois.
« 2013 est une année charnière pour l’ACP avec deux enjeux majeurs : 1- la loi de séparation et de régulation des activités bancaires en France et la création d’une nouvelle direction de la résolution en interne, 2 – l’ Union bancaire européenne, qui va générer une charge de travail élevée ainsi que plusieurs dizaines de détachements à Francfort de nos collaborateurs, dont les postes devront à nouveau être pourvus », nous confie Geneviève Marc, responsable de l’unité Communication de l’ACP
Les embauches concernent en priorité le contrôle prudentiel des secteurs de l’assurance et de la banque, de même que le contrôle des pratiques commerciales. Les profils expérimentés issus de la banque, et dans une moindre mesure cette année l’assurance sont particulièrement prisés, tout comme les professionnels juniors ou confirmés avec un background scientifique, juridique, ou encore d’actuariat.
Une « certaine flexibilité sur la rémunération selon les profils »
Les objectifs ambitieux de recrutements de l’ACP peinent cependant souvent à être atteints. La reconversion de banquiers notamment au sein de cette institution de service public a été longtemps difficile du fait de carrières moins rémunératrices que dans le privé. Mais cela est en train de changer. « La crise s’est installée et les candidats craignent beaucoup les mobilités dans le secteur privé », observe-t-on au sein de l’autorité.
L’ACP reconnaît que ses niveaux de rémunération peuvent être inférieurs de 20% par rapport à ceux pratiqués dans le privé, même si « une certaine flexibilité est possible en fonction des profils », nous indique-t-on. La récente institution consacre 102 millions d’euros aux dépenses de personnel (55% du total de ses dépenses), un chiffre en hausse de 7,4% sur un an en raison de l’accroissement des effectifs. Si l’on soustrait les prestataires et les personnels extérieurs affectés à l’ACP, cela porte le salaire moyen brut des salariés à 57k euros environ, selon nos calculs. Un chiffre plus qu’honorable pour une institution de cette taille, et qui s’explique par une très large majorité de cadres dans les effectifs.
Selon les informations que nous a communiquées l’ACP, un jeune diplômé perçoit 40k euros sur un poste dit de ”cadre de direction” et 53,2k euros au bout de 5 ans. Les banquiers d’investissement expérimentés, eux, seront loin d’y retrouver leur compte. Exit les bonus. Comme lot de consolation, l’ACP fournit divers avantages : une prime annuelle lié aux objectifs de 1.500 euros maximum, une aide au logement mensuelle modulée en fonction du niveau de salaire et de la situation familiale, plus de 2.800 euros par an au titre de l’intéressement et de la participation, un abondement de l’employeur au plan d’épargne entreprise (PEE) jusqu’à 1.100 euros par an, sans oublier une couverture complémentaire prévoyance et santé avantageuse.
Deux fois plus de budget pour la formation que dans les banques !
Si les financiers expérimentés ne sont pas encore tout à fait convaincus, l’accompagnement privilégié des carrières pourrait bien être l’argument qui emporte l’adhésion surtout en ces temps de disettes budgétaires. L’ACP consacre deux fois plus de moyen pour la formation continue en moyen que les banques (8,4% contre 4%). Un salarié de l’ACP bénéficie en moyenne de 52 heures de formation par an pour un budget de plus de 4500 euros, contre à peine 33 heures et 2000 euros dans le secteur bancaire (chiffre FBF). Ce dernier chiffre étant déjà nettement supérieur à la moyenne nationale, qui est de 800 euros, toutes branches confondues.
Les mobilités sont ainsi largement facilitées au sein de l’ACP et de la Banque de France. « Un collaborateur peut très bien commencer par du contrôle prudentiel puis travailler dans le département statistique avant de rejoindre la salle des marchés de la Banque de France à New-York », explique Geneviève Marc. Un passage à l’ACP peut également ouvrir des postes à l’AMF, à la BCE, ou dans d’autres organisations internationales comme le FMI. L’avantage des organismes de contrôle, c’est qu’ils offrent l’opportunité d’échanger avec de nombreux interlocuteurs du secteur. Un atout “réseau” indéniable pour construire une carrière, à condition d’avoir la fibre du service public…
