Plus habitué aux réorganisations et aux autres remaniements – à l’image de celle annoncée hier à la tête de Credit Agricole CIB - le petit monde de la banque d’investissement parisien a eu l’agréable surprise d’apprendre que des recrutements sont toujours d’actualité dans le secteur. Pour preuve, HSBC France vient d’embaucher Jean-Manuel Richier, 48 ans, qui a ouvert en 2009 le bureau parisien de Blackstone aux côtés de Jean-Michel Steg. Ce dernier, également démissionnaire, a rejoint en avril la banque d’affaires américaine Greenhill suite à l’annonce d’un recentrage des activités du géant américain à Paris, où seule une poignée de collaborateurs, Nicolas Hubert (MD) et Cedric Guerin (VP), semble encore répondre à l’appel, selon le site web du groupe.
5ème sur le marché M&A en France
Jean-Manuel Richier a rejoint la Banque d’Investissement de HSBC France en tant que Managing Director, Vice Chairman Global Banking France. Ce banquier habitué des banques d’affaires américaines – JP Morgan, puis Goldman Sachs et enfin Citigroup, où il a été co-responsable de la Banque d’Investissement en France entre 2005 et 2009 – a notamment « pour mission d’accompagner des grands clients corporates de la banque dans leur développement en France et à l’international, sous l’autorité d’Hubert Bouxin, co-responsable de la Banque de Financement et d’Investissement de HSBC France, chargé de la Banque d’Investissement », explique un communiqué de la banque.
D’après la dernière étude de Dealogic, HSBC tenait la 5ème place du classement en France des opérations de fusions-acquisitions en volume au premier trimestre 2013, avec près de 20% de part de marché. C’est bien mieux que ce qu’elle parvient à faire sur le marché britannique, où elle obtient la 8ème place du classement en volume d’opérations (soit un volume de deals valorisés à 2,4 milliards contre 3,2 milliards en France), et de surcroit à l’échelle européenne et mondiale, où elle occupe respectivement les 16e et 20e rang, cette fois en termes de revenus.
SOURCE : Dealogic
Recrutement opportuniste ou frémissement du marché ?
Faut-il voir dans le recrutement de ce « senior banker » la volonté chez HSBC de se développer dans la banque d’affaires ? La banque n’a pas souhaité commenter sur ce point.
Les chasseurs de têtes sont, quant à eux, unanimes quant à sa lecture : « Il s’agit d’un recrutement opportuniste : Richier discute avec les dirigeants du CAC40 et du SBF120, et surtout il était disponible après ses mésaventures chez Blackstone », confie l’un d’entre eux, qui a requis l’anonymat. Ce dernier ne croit pas en un rebond des recrutements dans la banque d’affaires chez HSBC, ni même dans le secteur marqué par « une réduction des équipes, notamment chez Citi ou encore chez Lazard qui a fait récemment partir cinq de ses gérants en banque d’affaires ».
Les exceptions demeurent pourtant comme chez Natixis, où sous l’impulsion de Marc Vincent, ex-patron de Mediobanca France, la banque chercherait à développer sa pratique M&A, selon notre interlocuteur.
Des mouvements, oui. Mais en interne
La nomination de Jean-Manuel Richier n’est effectivement pas le seul mouvement que les banques d’investissement en particulier étrangères aient connu ces derniers temps à Paris. La plupart ont cependant été le fruit de promotions internes, à l’instar de la nomination de Xavier Bindel en qualité de responsable de l’activité fusions-acquisitions au sein de J.P. Morgan à Paris. Un même jeu de chaise musicale s’est opéré chez Deutsche Bank fin mai à l’issue duquel Emmanuel Hasbanian et Julien Fabre ont pris la responsabilité commune de l’activité banque d’affaires à Paris, en remplacement de Bruno Hallak, nommé à la tête de Deutsche Bank France.
HSBC cultive en outre une place à part dans le paysage bancaire français du fait de son rachat du CCF en 2000. Le plus grand groupe bancaire européen abrite en effet la plus grande BFI d’un établissement étranger en France avec 1.300 employés contre 200 salariés ou souvent moins pour le compte des autres établissements anglo-saxons et européens. Paris accueille sa deuxième salle des marchés en Europe, après Londres, avec des expertises et responsabilités propres comme le trading obligataire en euros et les activités de dérivés de taux en euros ou encore le financement de projets. Un héritage et un rayonnement de la France dans le groupe en Europe volontiers cultivé par son ex-directeur pour la France, le très francophile Peter Boyles.
300 embauches prévues en France en 2013
Enfin, dernière particularité, le gel des embauches ne semble pas avoir frappé chez HSBC France comme ailleurs. La banque avait pourtant annoncé en juillet 2011 près de 700 suppressions d’emplois en France à l’horizon 2014, sans qu’un plan social soit néanmoins nécessaire.
Selon la banque, 500 embauches ont été encore réalisées en 2012, toutes activités confondues, et environ 300 sont prévues pour 2013. Il n’a pas été possible d’obtenir le détail des recrutements anticipés pour les activités de la BFI, qui représentent environ 13% des effectifs en France. Il est fort à parier que ces derniers se réalisent à la marge. Un chasseur de têtes parisien nous a confié que la banque recherchait actuellement à Paris un responsable pour sa vente taux sur les produits structurés.
Le mois dernier le groupe HSBC indiquait viser à nouveau une réduction de coûts de 3 milliards de dollars sur les 3 prochaines années et a laissé entendre que 14.000 emplois seraient à nouveau menacés. Selon Bloomberg, entre 2008 et d’ici à fin 2013, HSBC aura supprimé environ 59.000 emplois dans le monde. La France, un pays décidemment à part pour HSBC.
