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Bonus 2015 : Un expert des rémunérations vous dit tout ce qu’il sait

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Cette année, la saison des bonus dans les banques va être scrupuleusement observée. 2015 marque en effet l'an 1 du plafonnement des bonus en Europe Share on twitter, tandis que les performances de certaines activités comme les fusions-acquisitions s’annoncent quasi historiques. Les messages sont contradictoires, les banquiers dans l’expectative. À quelle sauce leurs prochains bonus seront-ils servis ? Qui sortira gagnant, et qui perdra gros cette année ?

Sans surprise, c’est le black-out du côté des institutions financières françaises. Alors on a interrogé un spécialiste des rémunérations de l’industrie des services financiers, Philippe Perriot, consultant senior chez Towers Watson. Il décrypte les grandes tendances des bonus qui seront annoncés le mois prochain dans les banques françaises.

  • A quoi ressemblera la saison des bonus pour les financiers parisiens cette année : 2015 sera-t-il globalement un meilleur cru que 2014 ?

On devrait être dans une tendance similaire aux derniers bonus. Les résultats des banques vont être contrastés pour 2014, selon les établissements et les activités. Mais dans l’ensemble, les performances vont être positives. Pour les activités de marchés et de gestion, l’enveloppe de bonus devrait être proche de celle de l’an passé, la bourse ayant enregistré une hausse sur les deux premiers tiers de l’année avant de fléchir en fin d’année.

  • Qui seront les grands gagnants ?

Les activités M&A ont connu une année 2014 florissante, ces professionnels devraient donc tirer leur épingle du jeu côté bonus Share on twitter. Quoique dans une moindre mesure, les métiers du financement devraient également bénéficier d’une enveloppe de bonus en hausse. Les juniors enfin devraient mieux s’en sortir comparativement aux banquiers seniors cette année, pour des enjeux à la fois de rétention des talents, mais aussi parce qu’ils sont moins contraints par la réglementation du fait de niveau de variables moins élevés.

  • Le plafonnement des bonus à 100% du fixe décidé par Bruxelles dans le cadre de la directive CRD4, qui entre en vigueur cette année, modifie-t-il la donne ?

Il faut dire d’abord que toutes les assemblées générales des banques concernées en France ont voté pour des bonus plafonnés à 200% du fixe Share on twitter, comme l’autorisait le régulateur. Ce qui est d’ailleurs vrai quasiment partout en Europe, à l’exception de Royal Bank of Scotland, dont l’Etat britannique est encore actionnaire.

  • Cela signifie-t-il que le plafonnement des bonus sera indolore pour les banquiers ?

Non. Jusque-là les banques européennes, et au premier rang les Françaises, pouvaient attribuer des variables supérieurs à 200% du fixe à leurs professionnels les mieux rémunérés. Avec le nouveau plafonnement, les directions des banques françaises ont essayé de limiter par anticipation une baisse de la rémunération globale des personnes concernées en revalorisant les fixes de manière très ciblée. Néanmoins, la marge de manœuvre est réduite du fait de la baisse de la rentabilité des activités de marchés induite par les nouvelles réglementations. Par exemple, les activités de trading pour compte propre, qui étaient très lucratives pour les banques françaises ont été mises à l’index après la crise de 2009.

  • Les banques françaises ont-elles mises en place de nouvelles primes du type “role-based allowances” (“allocations liées à la fonction”) comme c’est le cas à la City pour contourner la contrainte du plafonnement ?

Oui, ces allowances sont également utilisées par les banques françaises Share on twitter mais dans des proportions moindres que leurs consœurs à Londres et pour des populations très ciblées, peu nombreuses dans une logique de collaborateurs clés et de forte expertise. Ces allowances sont de toute façon dans l’œil du régulateur. On voit bien ici que les banques doivent modifier la façon dont elles rémunèrent leurs professionnels régulés (soit 300 personnes dans le monde pour les banques françaises en 2013) mais tâtonnent. Cependant il y a deux tendances lourdes auxquelles ces derniers ne pourront se soustraire. 1- Les bonus n’atteindront plus les niveaux d’avant-crise ; 2 - La sélectivité dans l’attribution des bonus va continuer à se renforcer Share on twitter.

  • Qui sont du coup les grands perdants ?

Les individus qui n’auront pas performé selon leurs objectifs seront peut-être davantage pénalisés qu’avant-crise où les bonus étaient plus lissés, surtout en France. Ainsi, le bonus zéro va s’inscrire durablement dans cette culture d’individualisation et de différenciation des rémunérations Share on twitter. Les grands perdants sont en réalité les professionnels bancaires les mieux payés (les rares bonus à 7 chiffres à Paris). En effet, au-delà de la question de la rentabilité, il y a aussi l’attention médiatique et l’exigence croissante de transparence, qui obligent les banques à soigner leur image. Reste que les professionnels des marchés ne trouveront pas d’autres secteurs plus rémunérateurs que la finance.

  • Les banques ne craignent-elles pas une fuite de leurs talents vers d’autres acteurs non régulés ?

C’est déjà le cas. On ne peut pas parler d’hémorragie mais on voit déjà depuis quelque temps des banquiers partir pour des plus petites structures, souvent non cotées, comme des hedge funds, des boutiques M&A ou des banques d’affaires comme Lazard ou Rothschild. De son côté, la gestion d’actifs est soumise par la nouvelle réglementation AIFM aux variables différés mais pas au plafonnement des bonus, qui dépassent rarement les 100 à 150% du fixe sauf pour les gérants stars ou dans quelques activités de gestion alternative. Enfin, la directive CRD4 crée des distorsions géographiques car elle s’applique uniquement aux équipes des banques européennes dans le monde et également aux équipes de banques non-européennes basées au sein de l’UE. La fuite vers les « non-régulés » devrait donc logiquement se poursuivre tant que ces derniers échapperont aux contraintes imposées aux établissements régulés.

  • L’an passé, le montant des amendes infligées aux banques dans le monde ont atteint un record. Dans quelle mesure cela affectera-t-il l’enveloppe des bonus, notamment chez BNP Paribas ?

Pour les banques concernées, les amendes pèsent naturellement sur les résultats et donc par ricochet sur le bonus pool Share on twitter. Même pour les professionnels dont l’activité a enregistré des résultats exceptionnels, les bonus ne seront pas en lien avec les performances. Car, au-delà du principe de plafonnement, la réglementation européenne exige une corrélation entre la performance des activités mais aussi des résultats de la banque dans son ensemble et le montant de l’enveloppe de bonus accordé aux professionnels, selon un principe de coresponsabilité. 

  • Pour finir, pouvez-vous faire un point sur les tendances liées aux bonus des banquiers en France (politique de différés, clawback, rachat de bonus…) ?

Concernant les différés, pas de changement à prévoir cette année. Ils s’appliqueront presque partout encore au variable au-dessus de 100k€. En dessous de ce seuil, les bonus continueront d’être versés en cash de manière plus ou moins immédiate. Les paiements de variables soumis aux différés sous forme d’actions ou instruments équivalents continueront, eux, de s’appliquer sur une période de 3 à 5 ans. Concernant les « clawbacks » (c’est-à-dire la rétention des différés de bonus en raison de mauvaises performances), il n’y a pas eu à ma connaissance de cas en France à ce jour et seulement quelques cas en Grande-Bretagne. D’un point du vue du code du travail, il est difficile en réalité d’appliquer cette règle en France. Enfin, pour les rachats de bonus en cas de changement d’employeur, il est difficile de donner une tendance claire du fait notamment de la faible mobilité des professionnels parisiens ces dernières années. Cela pourrait changer cette année, mais quoiqu’il en soit ce seront très certainement des négociations au cas par cas.



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