La « fuite des talents » à laquelle sont confrontées les grandes institutions bancaires profite souvent aux boutiques, à la recherche de banquiers d’affaires de niveau junior, intermédiaire et senior. Il faut dire que ces petites structures ne manquent pas d’arguments pour convaincre les candidats de les rejoindre.
Sur son site internet, Aforge Degroof Finance indique offrir à ses collaborateurs « des perspectives de carrière très motivantes avec des possibilités de progression rapide et une rémunération au mérite, un environnement dynamique et un esprit d’entreprise ainsi que l’opportunité d’évoluer dans un cadre international avec une clientèle multinationale et une majorité d’opérations cross-border ». Qui dit mieux ? Voici donc un petit florilège des avantages à travailler dans une boutique de corporate finance…
Des structures qui recrutent
« Globalement, il y a davantage de mouvements dans les mid-caps que dans les large caps, reconnaît Jérôme Hacquard, associé gérant chez Singer & Hamilton Executive Search, notamment en charge des recrutements dans le M&A. Nous observons depuis le début de l’année un bon volume de recrutement sur le niveau intermédiaire (VP, Associate Director) et Managing Partner. Concernant les VP/Associate Director, il s’agit généralement des profils trentenaires qui sont autonomes dans la phase dite d’exécution ».
Régulièrement de nouvelles structures font leur apparition sur le marché français. Dernière en date : la banque d’affaires espagnole N+1 qui vient officiellement de lancer sa filiale parisienne. Cette dernière a d’ores et déjà recruté 15 banquiers à Paris depuis le mois de janvier. Et ce n’est pas terminé. « Nous recrutons actuellement des analystes juniors », précise Franck Portais, managing partner de N+1 Corporate Finance France, qui lui aussi constate une activité soutenue sur les mid-caps avec beaucoup d’intervenants.
Un travail de « terrain »
« Sur les large caps, l’essentiel de la ‘deal team’ est concentré sur des problématiques techniques (exception faite des niveaux Managing Director / Executive Director). En Mid Cap, l’accompagnement du client dans le process et notamment dans les négociations prend une place significativement plus importante. De ce fait, les professionnels du midcap ont rapidement dans leur carrière une vision plus globale de la transaction ainsi qu’une exposition plus forte (et les plus juniors sont donc moins cantonnés au bureau devant un tableur Excel) », reconnaît Jérôme Hacquard.
« La forte implication de nos banquiers seniors, attachés à une approche ‘terrain’ est en effet une particularité à laquelle nos clients sont attachés », indique François Rispoli, managing director chez Lincoln International. « Nous sommes particulièrement attentifs à ce que nos futurs banquiers d’affaires expérimentés démontrent une approche proactive sur tous les fronts, depuis le management d’un projet pour un client jusqu’à la mise en valeur des services de notre groupe ».
Des responsabilités accrues
Les responsabilités au sein des boutiques sont généralement moins rigides et plus entrepreneuriales que dans d’autres firmes du marché. « Les candidats au poste d’analyste font preuve d’assurance, de détermination, sont capables de gérer plusieurs tâches à la fois et de multiples échéances dans un environnement au rythme soutenu », rappelle-t-on chez Lincoln International.
Le champ des responsabilités s’élargit encore davantage quand il s’agit de rejoindre une nouvelle structure. « La création et le développement d’une franchise constitue un véritable challenge professionnel par rapport au fait de rejoindre une structure déjà historiquement établie », relève Franck Portais.
Une dimension internationale
Attention : qui dit petit ne dit pas seul. Les boutiques de corporate finance sont souvent adossées à des réseaux internationaux. Ainsi, N+1 est déjà présente dans 7 pays européens. « Le sujet de la plateforme internationale devient de plus en plus importante chez bon nombre de boutiques qui doivent notamment trouver des acquéreurs potentiels à l’étranger. Les candidats avec une expérience à l’international et maîtrisant plusieurs langues va devenir un ‘must have’ », relève Jérôme Hacquard.
D’autant plus que les besoins sont immenses. Les transactions de taille moyenne (entre 100 millions et 1 milliard d’euros) se multiplient partout dans le monde, selon l’Observatoire trimestriel des fusions-acquisitions. « La croissance des volumes de M&A n’est plus uniquement générée par les grandes transactions. Les performances des acquéreurs impliqués dans des transactions de taille moyenne démontrent qu’ils arrivent à tirer leur épingle du jeu », observe Simon Desrochers, directeur général de Towers Watson France.
Des salaires qui demeurent attrayants
La rémunération est l’un des arguments clés pour attirer les talents chez ces petites structures, dont la marge de manœuvre est en rien comparable aux grands groupes bancaires. « Aucune chance qu’un régulateur vienne me dire combien je dois payer mes collègues. C’est mon business. Je paye mes analystes, associés et VP comme je l’entends », relève Mark Aedy, responsable pour la zone EMEA et Asie de la petite banque d’affaires indépendante américaine Moelis & Co.
Dans l’Hexagone, les professionnels se montrent plus circonspects sur l’aspect rémunération. De l’avis des recruteurs en finance, il y a certes une tension sur les fees pour les conseils en M&A mid cap mais cela n’impacte pas à ce jour les rémunérations (comparativement au passé). « Les talents sont disputés mais cela n’a pas de conséquences sur les salaires », confirme Franck Portais. Ce qui n’empêche pas les rémunérations de demeurer compétitives par rapport à bien d’autres métiers de la finance.