Les grandes banques d’investissement ont essayé d’inculquer le concept de résilience chez leurs employés. Ensuite, c’est celui de méditation qui a été introduit dans les organisations des grands établissements financiers dans le but de lutter contre le stress. A présent, la dernière tendance indispensable pour doper votre carrière en finance est ‘l’intelligence corporelle’, selon une ex-banquière de chez Goldman Sachs.
L’intelligence corporelle – ou plus précisément la Powerful Posture Technique – a été lancée l’an dernier par la française Alexandra Prigent-Labeis, ancienne directrice exécutive chez Goldman Sachs qui a quitté l’industrie financière en 2012 après plus de dix ans d’expérience en banque. Elle nous indique que les cadres seniors et les employés de chez Goldman Sachs, Morgan Stanley et Credit Suisse utilisent aujourd’hui cette méthode, de même que ceux de KKR et Pimco.
Il s’agit principalement d’améliorer vos compétences en matière de présentation en utilisant ‘vos jambes, colonne vertébrale et épaules pour produire de l’énergie, de la puissance, de la confiance et de l’inspiration’ lors de prises de parole en public, que ce soit lors d’une réunion dans une salle comble ou bien pour pitcher pour un nouveau business. Alors que les banquiers seniors souscrivent à cette méthode, la plupart des financiers qui l’utilisent sont des gestionnaires d’investissement cherchant à lever des capitaux lors de roadshows.
« Il s’agit d’apprendre l’intelligence du corps pour une communication rapide et dynamique. Ce qui signifie notamment avoir une posture confiante et intelligente, mais aussi contrôler son corps en parlant, en état debout et en marchant pour prouver la confiance en soi et le leadership », indique Alexandra Prigent-Labeis.
Certes, les employés de front office ont l’habitude de pitcher auprès de leurs clients, mais cela ne veut pas forcément dire qu’ils s’y prennent bien. « Les gens pensent qu’ils sont suffisamment intelligents pour compenser le manque de charisme, mais comme le dit l’un de mes clients : ‘la compétition au top niveau est trop rude pour se contenter seulement d’être super-intelligent’ », poursuit-elle.
« Les gestionnaires de fonds qui se lancent dans des roadshows échouent souvent à rester maître des des réunions clients », relève Alexandra Prigent-Labeis. Et de poursuivre : «Lorsque les équipes chargées de lever des capitaux rencontrent un client potentiel à qui ils ont déjà envoyé le ‘marketing book’, celui-ci a une idée de ce dont ils veulent lui parler. Ils passent du terrain connu d’un pitch bien rôdé à une avalanche de questions de la part du client, ce qui les oblige à une posture défensive ».
Avant d’ajouter : « Je leur enseigne la façon de maintenir le contrôle de ces situations, où le plus important ne sont pas les mots que vous employez mais la façon avec laquelle vous les dites, sachant que 80% de la communication est non verbale ».
En quittant Goldman Sachs…
Alexandra Prigent-Labeis n’a jamais voulu quitter Goldman Sachs la première. Après près de dix ans au sein de la banque, elle était executive director et encadrait une nouvelle équipe de personnes qui qui conseillent les entreprises d’assurance sur la façon de faire face à Solvabilité II. Mais une bataille avec une maladie auto-immune, qui l’a contrainte à se mettre en retrait pendant un an, a finalement contribué à sa décision de partir. « Ma maladie auto-immune a exigé que je réduise considérablement les voyages et les heures de travail, ce qui était impossible dans le cadre de la mise en place d’une équipe pan-européenne, et je ne voulais pas rester dans la banque simplement pour faire un travail et d’être réduite à celle que l’on décrit comme ‘brillante avant qu’elle ne tombe malade », explique-t-elle.
« Ce fut une décision atroce de partir. Il n’y avait pas beaucoup de femmes seniors chez Goldman Sachs, et de travailler en banque d’investissement était quelque chose que j’avais voulu toute ma vie », poursuit-elle. Au moment de son départ en 2012, elle avait passé près d’un an à essayer de trouver le moyen, sans succès, de rester. Mais, comme vous pouvez vous y attendre d’un ancien banquier de Goldman Sachs, la prochaine étape était déjà soigneusement planifiée.
Dans sa jeunesse, Alexandra Prigent-Labeis était une patineuse professionnelle et a pratiqué le ballet à un niveau élevé. Elle s’est inscrite à la Pilates Foundation en 2011 pour étudier l’anatomie, la physiologie et – bien sûr – la méthode Pilates avec pour objectif final de travailler avec des athlètes professionnels. Au moment où elle a quitté Goldman, elle avait lancé une nouvelle entreprise.
« J’ai reformaté la méthode Pilates pour aider les athlètes professionnels à prévenir les blessures et optimiser les performances physiques, et après deux années d’études, j’ai découvert qu’il était question de biomécanique, de chaîne cinétique et de science neuromusculaire », explique-t-elle. « Nous travaillons avec des joueurs de tennis professionnels, des boxeurs et des danseurs, mais il y a aussi une demande croissante parmi les financiers seniors et les chefs d’entreprise ».
Alexandra Prigent-Labeis indique que son cabinet Pilates Excellence travaille toujours avec des athlètes professionnels dans le hockey, la boxe et le tennis, mais qu’elle se concentre de plus en plus sur son activité d’intelligence corporelle l’intelligence du corps, APL leadership and Communication. La nouvelle technique repose sur des éléments de l’attention et de la résilience et les combine avec des compétences en communication verbale et une présence physique. « Les gens oublient que parler en public est une performance et la plupart des financiers seniors ont besoin de beaucoup de préparation. Pitcher consiste à raconter une histoire cohérente et convaincante, et la forme est aussi importante que le fond », conclut-telle.