Capacité de leadership, esprit d’équipe, aptitude à apprendre rapidement au travail : inutile de vous dire que le fait d’inclure ces termes dans votre CV relève d’une utilisation intempestive des clichés. Est-ce votre cas ? Alors bannissez-lez : le langage corporate détruit de la valeur sur un CV.
Par exemple, Nathalie Schittekatte, team leader chez Hays Response Bruxelles, avoue « ne pas attacher trop d’importance à la liste de qualités énumérées sur un CV ». De toute façon, « ces qualités pourront transparaître au travers des réalisations citées dans le CV », indique un recruteur de chez Robert Half. Enfin, « si vraiment vous ne pouvez résister à inclure ces mots dans votre CV, particulièrement s’ils sont indispensables au rôle pour lequel vous postulez, faites-le, mais justifiez-les toujours à l’aide de preuves concrètes », indique un autre qui travaille chez Michael Page.
Par contre, il est plus difficile de ne pas tomber dans les poncifs lorsque vous postulez pour un secteur d’activité spécifique. Si vous reconnaissez l’une des phrases ci-dessous sur votre CV, alors cela signifie que le temps est venu de le réécrire afin de maximiser vos chances que votre candidature soit sélectionnée.
1. Les clichés à éviter en banque d’investissement
Pour commencer, rappelez-vous que vous vous adressez à des professionnels. Pas la peine donc de faire du remplissage. « Certains candidats indiquent qu’ils ont travaillé pour Natixis, une banque de financement et d’investissement, relève un recruteur. Je le sais bien, et je trouve ce type de commentaire particulièrement suffisant ».
Aujourd’hui, les banques d’investissement travaillent dur pour attirer les faiseurs de deals. La clé d’un bon CV consiste donc à être le plus précis possible quant à votre expérience des transactions, en démontrant quelle a été votre contribution. Si vous n’avez pas vraiment contribué aux deals, grande est alors la tentation de truquer votre CV et de tomber dans les clichés.
Victoria McLean, CEO chez City CV à Londres et ancienne responsable recrutement chez Goldman Sachs, indique quelques-unes des expressions qu’elle voit le plus souvent passer :
« Collaborateur décisif avec succès avéré dans la construction de relations pérennes »
« Capable de mener une due diligence financière et stratégique de qualité ».
« Fonceur expérimenté »
« Construit des relations solides et facilite des négociations »
2. Les termes à bannir dans l’IT Finance
Dans un monde où les experts IT doivent démontrer leur compréhension de la transformation digitale et numérique, il ne suffit plus de se contenter de mentionner les langages de programmation que vous maîtrisez. Là encore, la tentation de recourir aux clichés est grande. Petit florilège :
«Je constitue un pont entre la technologie et l’entreprise »
« Je simplifie la technologie et je peux en parler de manière compréhensible pour tout le monde »
« Visionnaire et évangéliste de la technologie »
«J’ai fait mes premières armes dans le codage sur un ZX Spectrum »
« Un sentiment général de frustration fait que les informaticiens ont tendance à se surévaluer par rapport à leurs connaissances technologiques, mais au cours de l’entretien il s’avère qu’ils en savent beaucoup moins que ce qu’ils prétendent », relève pour sa part Paul Bennie, managing director de l’IT Finance chez le cabinet de chasse londonien Bennie MacLean.
3. Les poncifs dans le trading
Les traders savent que le plus important sur leur CV est d’indiquer leur Profit and Loss (P&L), leur expertise sectorielle et leur track-record. « Tout le reste n’est que remplissage, mais inévitablement, les traders se sentent obligés d’insérer des clichés RH dans leur CV », déplore Victoria McLean.
« Valeurs fondamentales fortes, éthique, bon communicant »
« Capable de travailler vite et bien dans un environnement sous pression »
« Membre efficace de l’équipe ainsi que fort contributeur individuel »
4. Les Opérations, là où les clichés sont les plus répandus
Il ne suffit pas de correspondre à l’intitulé d’une fonction dans les Opérations. Offshoring, nearshoring et autres externalisations des process font que vous devrez montrer quelle est la valeur ajoutée que vous apportez et d’éviter ainsi que votre travail ne se retrouve un jour délocalisé vers une destination à bas coût. Ce sont dans ces métiers que les clichés dans les CV sont les plus répandus, de l’avis des recruteurs, qui citent par exemple des formules telles que :
« Champion du redressement »
« Créateur de process qui améliorent considérablement l’efficacité et le changement »
« Garant des initiatives stratégiques »
5. Le verbiage en gestion des risques
La gestion des risques dans le secteur bancaire exige depuis plusieurs années une panoplie de compétences plus large du fait du renforcement des fonctions de contrôle afin de se conformer aux exigences réglementaires plus strictes. Et comme seuls les risk managers les plus axés sur les aspects stratégiques peuvent prétendre à des bonus significatifs, la plupart des candidats ont tendance à exagérer leur sens tactique. Évitez d’écrire ce qui suit :
« Liens étroits avec l’équipe risques pour assurer d’une vue commune sur la gestion des risques »
« Conduite de changement et efficacité dans l’ensemble des fonctions de gestion des risques de la banque »
« Focus sur la clientèle, capacités d’analyses et force de proposition »
6. Les lourdeurs en gestion de projets
Les gestionnaires de projets doivent gérer de nouvelles initiatives, ceux qui les portent, et faire en sorte qu’elles aboutissent. « Ce sont aussi ceux qui sont parmi les plus susceptibles d’employer des expressions éculées dans leur CV », reconnaît Victoria McLean. Preuve en est :
« Joueur d’équipe avec une approche proactive collégiale »
« Approche positive des challenges, ouvert au changement »
« Ré-ingénierie des processus pour améliorer l’expérience client »
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