Bon nombre de prop’traders ont été forcés de quitter les banques d’investissement en raison de la règle Volker. C’est pourquoi monter un hedge fund est devenu une alternative de plus en plus répandue. Mais la plupart des hedge funds ont une durée de vie très courte, et les faire décoller n’est pas évident.
Combien de temps faut-il pour monter un hedge fund ? C’est un peu plus compliqué que de quitter votre job de trader en banque d’investissement le vendredi et d’ouvrir un nouveau bureau le lundi. « Comptez huit ou neuf mois », indique Bob Guilbert, managing director du marketing et des produits chez Eze Castle Integration, une société basée à Boston et spécialisée dans le support des hedge funds qui compte 650 clients gestionnaires d’actifs et investisseurs à travers le monde.
Mettez l’infrastructure en place
Le processus commence avec des avocats pour créer le cadre juridique pour l’entreprise et ses fondateurs. Dès le début, les fondateurs peuvent décider de recruter car il ne suffit pas d’avoir seulement des stratégies d’investissement : il faut aussi penser marketing, support IT, collecte de fonds, conformité et comptabilité.
Tout cela a évidemment un coût – et c’est l’une des raisons pour lesquelles beaucoup de hedge funds luttent pour survivre – mais le recours à l’externalisation est possible. « Beaucoup de gens qui viennent de la banque d’investissement doivent s’entourer d’expertises opérationnelle telles que la comptabilité, la finance, la conformité, les opérations et la technologie. C’est à eux de choisir s’ils veulent recruter ou sous-traiter », poursuit Bob Guilbert.
Choisissez la technologie et décidez si vous voulez la financer sur vos capitaux ou en faire une dépense d’exploitation en utilisant la technologie du cloud. Bob Guilbert fait remarquer que la plupart des nouvelles entreprises optent pour le cloud. Dans ce cas, « privilégiez un opérateur cloud spécialisé dans l’investissement plutôt qu’un généraliste comme Amazon Web Services ou Microsoft, car il pourra vous offrir des services sur-mesure comme le suivi des données de marché, les connexions FIX ainsi que la technologie axée sur les systèmes de gestion des commandes et de gestion de portefeuille », explique-t-il.
Étudiez les fournisseurs et prestataires de services pour vous assurer qu’ils présentent toutes les caractéristiques dont votre fonds aura besoin aujourd’hui et demain. Ces fournisseurs sont-ils financièrement stables ? Peuvent-ils fournir des états financiers certifiés ? Est-ce qu’un fournisseur externalisé comprend bien le business, les applications clés et comment assurer leur support ? Est-ce que les applications que le fonds souhaite acquérir vont interagir les unes avec les autres, ou bien sont-elles constitutives de plates-formes propriétaires qui seront difficiles à intégrer ?
Déployez un plan marketing
Si le fonds veut attirer les investisseurs extérieurs, il aura besoin d’un plan marketing et de se préparer à une longue liste de questions au sujet de ses opérations. De toute évidence, embaucher du personnel de marketing est un moyen coûteux pour lever des fonds, mais il y a beaucoup de sociétés de marketing en marque blanche qui peuvent pitcher les investisseurs potentiels sur votre nom et obtenir une réduction des frais (vous trouverez une liste en cliquant ici).
Susciter l’intérêt pour votre hedge fund peut être délicat. Certes, il y a toujours la possibilité d’avoir recours au love money en levant des capitaux auprès de la famille et des amis – encore faut-il qu’ils aient des revenus suffisants à investir – mais les fonds spéculatifs comptent désormais de plus en plus sur les investisseurs institutionnels. Vous devrez alors prouver que vous avez un track-record (ce qui généralement sous-tend une expérience dans le buy-side), ce qui ne sera pas une tâche aisée si vous venez de la banque d’investissement. Cela dit, vous pouvez toujours faire auditer vos performances par un Big Four, ce qui vous coûtera aux alentours de 10.000 euros.
Enfin, vous devez savoir que plans marketing sont de plus en plus complexes. Il y a sept ou huit ans, un fonds pouvait s’en sortir avec un plan de sauvegarde et une description de sa politique de sécurité. Désormais, les investisseurs considèrent cela comme un prérequis et veulent savoir si le fonds en question a un plan de sécurité rédigé ainsi qu’un responsable dédié.A noter qu’aux Etats-Unis, la SEC pousse également les entreprises à améliorer leur sécurité cybernétique.
Entourez-vous d’un bon prime broker
« Même les startups ont plusieurs prime brokers », note Bob Guilbert, qui suggère que quiconque s’entoure d’un prime broker aura besoin de vérifier ce qu’il vaut. Wendy Beer et Andrew Volz de chez Wells Fargo Prime Services, disent qu’il est important pour les hedge funds de comprendre les nouvelles règles sous lesquelles travaillent les prime brokers. « Alors que Bâle III est le principal moteur de ce changement, sans doute le changement le plus significatif dans le modèle PB a été l’introduction de la rentabilité des actifs (ROA) calculée sur une base avant impôt, par opposition au chiffre d’affaires qui a précédemment servi de base au business », suggèrent-t-il.
Les fonds devraient prendre le temps de comprendre les indicateurs clés d’un prime broker comme le Liquidity Coverage Ratio (LCR), le Net Stable funding ratio (NSFR), le ratio de capital Tier 1 et le High-Quality Liquid Assets (HQLA). « Potassez-bien toutes ces notions », recommande Bob Guilbert. Comme le sait quiconque ayant vécu un divorce, entrer dans une relation est plus facile que d’en sortir, et cela requiert l’intervention d’un tiers. « Une fois que vous êtes en place et que toutes vos données sont dans le système, vous voulez vous assurer que vous avez fait le meilleur choix dès le départ, depuis que la plate-forme gère votre business ».